Depuis le début de la pandémie en mars, la question du maintien de l’ASCO® était logiquement posée. La transformation du McCormick Place de Chicago en hôpital de campagne (photo 1) a convaincu les plus réfractaires à cette réalité, l’ASCO® tel que nous l’avons connu ne se tiendrait pas. Comme certaines de nos consultations, l’ASCO® sera distancié et virtuel. Si les réseaux sociaux se font l’écho de la nostalgie de nombreux collègues de par le monde, en revanche ils sont aussi, comme chaque année, le siège de débats sur les événements majeurs du congrès à venir. Cette année, l’étude adjuvante ADAURA fera partie des vedettes de la session plénière, et on mesurera dans la réaction virtuelle de Twitter si le “HR à 0,17” est de nature à changer ou non le traitement postopératoire des cancers EGFR mutés. On examinera…
Amie lectrice, ami lecteur, il est déjà temps de nous quitter. L’heure est donc venue du traditionnel bilan de fin de congrès de Chicag… euh non Paris euh non… je ne sais plus. Que ramener à la maison (sans l’avoir quittée) ? Cette cuvée COVID a-t-elle été un moins bon cru en digestif ? Pas évident. Les cancers non colorectaux ont été moins gâtés qu’habituellement, mais il n’est pas du tout certain qu’il faille incriminer le Sars-Cov-2. L’œsogastrique est toujours dominé par le FLOT en adjuvant et les doublets fluoropyrimidine-platine en métastatique, le pancréas est toujours écrasé par le FOLFIRINOX en métastatique comme en adjuvant, le carcinome hépatocellulaire a été bouleversé par la combinaison atézolizumab-bévacizumab, et l’immunothérapie peine à émerger partout, hors de ce dernier. Le cancer…
L’intérêt du congrès ASCO® 2020 confirme l’impression déjà favorable de l’AACR 2020 entièrement virtuelle qui avait été un succès d’audience passant d’environ 6 000 congressistes habituellement à 61 000 inscrits cette année. Le virtuel favorise l’audience, et parmi ses avantages a un impact modeste sur l’empreinte carbone de chacun, est plus économique et exempt de jet lag. L’ASCO® a sûrement eu un impact encore plus important que l’AACR, il y a eu de ce fait malheureusement des difficultés techniques qui ont gêné les congressistes virtuels du premier jour (figure 1). Les présentations ont néanmoins été débattues sur les réseaux sociaux presque comme dans la vie ordinaire, mais il manque la ferveur collective, le partage des impressions entre pairs et l’interprétation directe d’un expert pour que cela ressemble…
Le digital s’est imposé à notre agenda annuel des congrès plus vite qu’imaginé, COVID-19 aidant. Après le congrès français de cancérologie digestive et de gastroentérologie (JFHOD) en mars, finalement transformé en e-JFHOD en juillet, et le congrès américain de recherche en cancérologie (AACR) en avril, c’est au tour de la grand-messe américaine de cancérologie clinique de virer au virtuel, pour la première fois en 50 ans d’existence. Fini, la culpabilité d’une empreinte carbone de moins en moins défendable ! Fini, les files d’attente interminables à la douane de Chicago O’Hare ! Fini, les embouteillages de taxis devant le McCormick Convention Center ! Mais aussi, plus de pause-café devant le lac Michigan ; plus de discussions impromptues aux posters avec un collègue néo-zélandais, californien, finlandais…
“Chi va piano, va sano.” L’essai DESKTOP III pourrait être l’illustration de ce proverbe italien, même si cet essai de phase III a été initié avec toute la rigueur germanique par l’ineffable Andreas Du Bois. Il nous explique en effet dans sa présentation que cela fait 17 ans que l’AGO a initié le travail conduisant aux résultats présentés ce jour (cf Zoom). Un score prédictif du bénéfice d’une chirurgie à la rechute a d’abord été patiemment construit à partir de données rétrospectives. Puis, ce score fondé sur une chirurgie initiale R0, l’absence d’ascite, une rechute platine-sensible a été validé de manière prospective. Enfin, il a été utilisé pour mener DESKTOP III, qui confirme le bénéfice en termes de survie globale (SG) de la chirurgie à la rechute chez des patientes sélectionnées : amélioration de…
La question de l’intérêt d’un traitement locorégional pour les patientes prises en charge pour un cancer du sein métastatique d’emblée reste posée. Les études rétrospectives sont globalement en faveur d’un avantage en survie de la chirurgie mammaire mais ces études sont biaisées, les patientes ayant le pronostic le plus favorable étant généralement celles qui sont opérées. Deux grands essais randomisés ont été publiés jusqu’à présent, l’un indien (1) ne montrant pas de gain en survie globale et l’autre turc (2), montrant un bénéfice en survie globale avec un recul à 5 ans, en particulier pour les patientes avec une métastase osseuse unique. Un troisième essai autrichien, de faible puissance, ne montrait aucune différence significative entre traitement local en plus du traitement systémique ou traitement systémique…
La présentation d’ADAURA par R. Herbst en session plénière est l’un des moments importants de ce congrès. L’osimertinib administré en situation adjuvante est le premier traitement ciblé qui, dans un essai randomisé mondial, montre une amélioration statistiquement et cliniquement significative de la survie sans maladie chez les patients atteints d’un CBNPC avec mutation de l’EGFR de stade IB/II/IIIA après résection complète de la tumeur et chimiothérapie adjuvante, lorsque celle-ci est indiquée. L’osimertinib adjuvant va probablement modifier le standard de soins pour les patients atteints de CBNPC de stade IB à IIIA après une résection complète de la tumeur.Cette étude est très certainement un vrai coup de force qu’il faut saluer, en effet c’est la première étude positive avec un traitement ciblé adjuvant, et…
Les résultats étaient annoncés et attendus. L’immunothérapie dans le cancer du sein triple-négatif en première ligne métastatique permet d’améliorer la survie sans progression de quelques mois. Quelques modestes mois, avec une réduction du risque relatif d’un peu moins de 40 %. Ce chiffre de 40 %, c’est également la proportion de patientes qui bénéficient de l’immunothérapie. Dans l’étude KEYNOTE-355, c’est avec le score CPS qu’il faut sélectionner les tumeurs PD-L1-positive. Ce score doit être ≥ 10. Pour l’étude IMpassion130, il fallait sélectionner les patientes avec le pourcentage de cellules immunes positives (> 1 %). Et à chaque fois, cela représente une quarantaine de pourcents de la population incluse.Dans ces deux études, il n’y a pas de bénéfice clinique à faire de l’immunothérapie si on prend en…
Je t’imagine, cher lecteur, derrière l’écran sur lequel tu lis cet e-journal, me diagnostiquer une altération aiguë de mes fonctions intellectuelles, et subodorer qu’elle est sans doute due à l’effet successif du confinement, du déconfinement, puis de mon reconfinement dans ces locaux éditoriaux parisiens d’où je couvre cette édition virtuelle du congrès américain de cancérologie clinique. Las : rassure-toi, cher lecteur, il n’en est rien, et mes neurones se portent comme un charme (enfin je crois).Or donc, qu’entends-je par ce titre énigmatique ? Ceci : il n’est plus de mise désormais de parler du cancer colorectal, mais bien plutôt des cancers colorectaux. Qu’on en juge par cette cuvée 2020 du congrès, avec la consécration, enfin, grâce à la phase III KEYNOTE-177, de l’immunothérapie en 1re ligne pour les quelque…