Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) touche 1 femme en âge de procréer sur 10. Il a fait l'objet de nombreuses publications : ouvrages et articles scientifiques (quelques 19 000 références sur PubMed), recommandations nationales et internationales sur sa prise en charge. Ce sujet a même été traité dans la presse grand public. Initialement appréhendé comme une maladie purement endocrinienne, le SOPK a progressivement dévoilé de multiples facettes, qui intéressent plusieurs organes et imposent une approche transversale impliquant plusieurs spécialités : l'endocrinologie, la gynécologie-obstétrique et la médecine de la reproduction, mais aussi la médecine de l'obésité et des maladies métaboliques, la cardiologie, la pneumologie, la psychiatrie, etc.
Ce dossier consacré au SOPK a pour ambition de dresser un panorama des nombreux aspects du syndrome et ainsi donner au lecteur de la revue une vision globale de cette affection passionnante. La physiopathologie du SOPK est une des plus complexes de l'endocrinologie, et Nour Mimouni rappelle les avancées importantes réalisées ces dernières années sur la compréhension du processus de programmation neuroendocrine du désordre gonadotrope impliqué dans le SOPK. Camille Rafenombolatiana et Sophie Christin-Maitre présentent une synthèse des éléments du diagnostic positif et des principes de la prise en charge médicamenteuse et non médicamenteuse du syndrome. Elles apportent un éclairage sur les aspects moins connus du retentissement cardiovasculaire et métabolique de la maladie. Claire Gourbesville aborde la problématique des troubles de la fertilité inhérents au SOPK et décrit l'approche stratégique de l'infertilité ; celle-ci requiert souvent des protocoles d'induction de l'ovulation de plus en plus sophistiqués. Benoît Granon et Arnaud Leroy nous informent sur les désordres psychoaffectifs identifiés par les larges études épidémiologiques menées ces dernières années chez les femmes atteintes du SOPK, et élaborent les hypothèses sur les liens qui unissent la maladie endocrinienne et les troubles psychoaffectifs observés. Enfin, Camille Houette et Rachel Desailloud décrivent l'approche éducative qu'elles ont développée dans leur pratique clinique pour accompagner les femmes atteintes de SOPK ; cette approche vise à aider les patientes à acquérir les éléments de compréhension de cette affection complexe ainsi que les compétences d'autosoins qui leur permettront d'accéder à une qualité de vie satisfaisante et d'éviter les complications à moyen et long terme du SOPK.
Ce dossier devrait raviver la curiosité et l'intérêt des jeunes lecteurs, comme des moins jeunes, pour une maladie qui est loin d'avoir livré tous ses secrets !