La vie commence avant la naissance. Neuf mois plus tôt, l'enfant est déjà là, et sa “finition“ durera encore quelques années après la naissance. Tous les événements qui surviennent pendant la grossesse, qu'ils soient d'ordre environnemental (exposition aux perturbateurs endocriniens, au tabac) ou métabolique (obésité, stress oxydatif, lipides circulants, etc.), ont des conséquences sur la santé de l'enfant. La nutrition du placenta est aussi un nouveau champ d'intérêt pour la recherche et la clinique, élément clé du couple fœtomaternel.
La nutrition préconceptionnelle a également une importance, tant par son impact sur la fertilité que par son incidence sur l'épigénome du spermatozoïde. Une notion nouvelle apparaît : le rôle de la santé métabolique paternelle sur celle de l'enfant à naître.
L'épigénétique semble ainsi prendre le pas sur la génétique en ce sens qu'elle intervient sur la transmission des maladies non communicables, telles que le diabète, l'obésité ou les maladies cardiovasculaires. De plus, elle se transmet de génération en génération, à partir des modifications épigénétiques fœtales dont certaines surviennent dans des fenêtres bien particulières de la grossesse et d'autres dès le stade de la gamétogenèse.
L'idée majeure qui semble en résulter est qu'il faut cesser d'attribuer uniquement à l'équilibre de la balance énergétique (entrées/sorties) l'épidémie foudroyante de l'obésité observée au niveau mondial. Ainsi, des facteurs non classiques générant très tôt une insulinorésistance, associée ou non à un retard de croissance utérin, sont mis en cause dans la survenue de l'obésité. Cela pourrait expliquer pourquoi la prévention classique est insuffisante, justifiant de poursuivre la recherche fondamentale tout en s'orientant vers d'autres pistes et voies d'actions possibles.