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Éditorial

Les 1 000 premiers jours, un défi médical


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Moins neuf mois, plus deux ans, cela fait juste 1 000 jours. Encore faudrait-il ajouter une période englobant et précédant la fécondation, donc avant la conception, ce qui permettrait d’inclure davantage le père dans cette histoire. Car ce n’est pas qu’une histoire de bébés et une affaire de femmes.

Le concept des 1 000 jours explose dans le domaine de la santé néonatale et pédiatrique, mais aussi de la santé de l’adulte, et bien sûr dans le champ de la prévention, au-delà de la seule nutrition. Il ne se limite donc plus à des notions classiques relatives aux apports ­nutritionnels et aux supplémentations éventuelles en vitamines et minéraux (vitamine B9, fer, etc.), il s’étend au-delà. En effet, il englobe tous les facteurs externes auxquels la mère et donc l’embryon, le fœtus, le ­nouveau-né et le nourrisson sont exposés. Sans limite d’âge inspirée par cette question anachronique : quand s’agit-il d’un enfant ? Dès le début de la conception.

Ainsi, ce que l’on appelle maintenant l’exposome intervient pour moduler l’expression des gènes sous l’effet de processus de méthylation, par exemple. C’est tout le champ de l’épigénétique, mis en lumière par les travaux de David Barker il y a plus de 30 ans. Celui-ci avait ­montré que les femmes enceintes soumises à une restriction énergétique donnaient naissance à des nouveau-nés de faible poids du fait d’un retard de croissance intra-utérin, qui deviendront plus tard, en raison de l’acquisition d’un phénotype d’épargne métabolique, des enfants, adolescents et adultes en surpoids et ayant un plus haut risque cardiométabolique.

L’exposome c’est la nutrition, mais aussi le stress, les odeurs, les bruits, la pollution environnementale et domestique, le tabac, l’alcool, les drogues et les médicaments auxquels l’enfant est soumis par le biais de la mère. Puis, très tôt, dès la naissance, le microbiote maternel et lacté va avoir une influence sur le microbiote de l’enfant pour des années, selon le mode d’accouchement et d’allaitement. Sans oublier les effets de l’hormone de l’attachement, l’ocytocine, dont la sécrétion est liée en grande partie à la lactation, les câlins et les cris… et la liste est loin d’être close. Le père est aussi impliqué avec la qualité de ses gamètes selon son mode de vie et son alimentation, mais aussi plus tard avec sa participation à l’équilibre familial et maternel et à la protection de l’enfant.

L’impact de ces 1 000 premiers jours ne porte pas ­seulement sur le risque cardiométabolique, mais également sur le risque de survenue de maladie allergique et de nombreuses pathologies chroniques. Bien sûr, tout ne se joue pas pendant les 1 000 premiers jours, de même que tout ne se joue pas avant 6 ans. Il n’est jamais trop tard pour bien faire ; il n’est jamais non plus trop tôt !

Ce concept doit impliquer tous les professionnels de santé, pas seulement les gynécologues et les ­obstétriciens ou les pédiatres et, globalement, toute la société. À quand une grande cause nationale ?■


Liens d'intérêt

J.M. Lecerf déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet éditorial.

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