Une nouvelle étape de l’épopée de l’immunothérapie vient d’être franchie avec la publication, en août 2023, de résultats positifs portant sur l’efficacité d’un “vaccin anti-cancer” [1].
L’OSE2101 (Tedopi®) est le premier “vaccin” contre le cancer, de surcroît français – et plus précisément nantais –, à avoir montré un bénéfice en matière de survie, et ce, lorsqu’il est utilisé en troisième ligne chez des patients atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules avancé ou métastatique. L’essai de phase III, randomisé, a permis d’observer une diminution significative de 41 % du risque de décès, avec un meilleur profil de tolérance et une qualité de vie maintenue comparativement à la chimiothérapie. L’essai a été mené par le Pr B. Besse, directeur de la recherche clinique de l’institut Gustave-Roussy de Villejuif.
Ce “vaccin” consiste à injecter régulièrement une dose contenant des antigènes (Ag) tumoraux qui induisent une réaction immunitaire et une mémoire immunitaire dirigée contre les protéines présentées par les cellules cancéreuses. Malheureusement, pour l’instant, il n’est indiqué que chez les personnes ayant un profil génétique HLA-A2.
Quelques critiques ont émergé : il va y avoir confusion, car ce n’est pas un vaccin selon la définition classique ! Un vaccin est une préparation administrée pour induire une immunité permettant d’éviter une pathologie et non pas pour la traiter. C’est important pour le grand public de ne pas croire qu’il existe un vaccin évitant le cancer… mais on y viendra peut-être un jour.
Quoi qu’il en soit, on revient grâce à ce vaccin thérapeutique au fondement de l’immunothérapie, qui est la possibilité pour notre système immunitaire natif (description des guérisons “spontanées” [2]) ou induit (stimulation bactérienne de Coley et maintenant du “vaccin”) de détruire les cellules tumorales.
Mais il y a parfois un revers de la médaille lié à la stimulation du système immunitaire, et ce, particulièrement avec l’utilisation des inhibiteurs de points de contrôle immunitaire. C’est peut-être ce que nous voyons le plus, nous endocrinologues… Les atteintes endocriniennes, et principalement thyroïdiennes, font partie de notre quotidien alors que, paradoxalement, l’efficacité antitumorale dans les pathologies malignes endocriniennes n’est pas la meilleure.
Les différents articles proposés dans ce numéro nous enseignent qu’il faut encore avancer sur les signatures biologiques des tumeurs endocrines pour mieux cibler les patients qui pourraient bénéficier de l’immunothérapie, mais aussi continuer à accompagner ceux qui souffrent des effets indésirables endocriniens.■