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Éditorial

Le corps, le cœur et l’esprit


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Sans nos émotions, la vie serait peut-être un long fleuve tranquille, car elles fondent nos rapports aux autres et à notre corps. Elles interrogent notre capacité d’adaptation, de lâcher-prise et de survie. Sans nos émotions, la vie serait sûrement trop terne et sans grand intérêt ! Pour autant, chez les personnes porteuses d’une pathologie chronique, ces émotions conditionnent le vécu de la maladie et sa gestion.

Consacrer un dossier complet à la thématique “Diabète et santé mentale” était une évidence.

La pandémie de Covid-19 nous a peut-être appris ce que nous, médecins, négligions encore jusque-là : l’impossibilité de dissocier le corps de l’esprit. Au-delà des conséquences somatiques du Covid, de nombreuses données témoignent des conséquences psychologiques ou psychiatriques de cette pandémie : augmentation significative du nombre de cas de syndromes dépressifs majeurs, de troubles anxieux et de troubles du comportement alimentaire, pour ne citer que quelques exemples. La pandémie de Covid-19 a déclenché une vague d’inquiétude de la part des médecins et des patients vivant avec une pathologie chronique quant à leur prise en charge et à leur suivi, étant donné l’état de sidération dans lequel le système de soins s’est retrouvé face à l’afflux des patients atteints de Covid‑19. Et finalement, les conséquences psychologiques semblent avoir été plus importantes…

Notre médecine a souvent séparé la prise en charge somatique de la prise en charge psychologique ­et­/­ou psychiatrique. Nous, cliniciens, soignons le corps ; les psychiatres soignent la “tête” et l’esprit. Pourtant, force est de constater qu’une pathologie somatique – et a fortiori une pathologie chronique – a un impact majeur sur la santé psychologique. De surcroît, pour accepter de vivre avec une maladie chronique et s’impliquer dans sa prise en charge, il est absolument nécessaire d’être dans un état d’esprit que l’on pourrait qualifier de serein. L’annonce du diagnostic d’une pathologie chronique peut être ressenti comme un événement de vie à accepter, mais parfois aussi comme un tsunami aux conséquences psychologiques plus marquées. Quant aux personnes vivant avec une pathologie psychiatrique, il est désormais bien démontré par de multiples données de la littérature qu’elles sont davantage exposées aux pathologies chroniques, parmi lesquelles on constate l’obésité, le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires. Est-il aujourd’hui acceptable que ces personnes aient une espérance de vie significativement réduite de plus de 15 ans ? Si les causes sont évidemment multifactorielles, la non-optimisation d’une prise en charge somatique en fait indiscutablement partie. Réduire les inégalités en santé, lutter contre l’inéquité dans l’accès aux soins concerne aussi les personnes atteintes de pathologie psychiatrique, et pas seulement les populations vivant dans des déserts médicaux.

L’impact psychologique d’une pathologie chronique, en l’occurrence du diabète, ne peut donc désormais plus être négligé. Réduire le “fardeau” de la maladie et la charge mentale liée au diabète, généralement considérée comme négative, devient un objectif pour le/la diabétologue, qui souhaite assurer une qualité de vie optimale à la personne qu’il/elle accompagne. Cette attention a bien sûr été amplifiée grâce aux progrès technologiques. Pour autant, faut-il absolument réduire le fardeau de cette pathologie ?

Le 1er article de ce dossier spécial a laissé la parole à la Fédération française des diabétiques, une évidence. Être à l’écoute, un acte essentiel. Il y a, comme pour tout dans la vie, un juste équilibre à trouver et un possible intérêt à maintenir un certain niveau de charge mentale.

Le 2article est dédié aux troubles du comportement alimentaire chez les personnes vivant avec un diabète de type 1. Là encore seront abordés les liens très étroits, voire intimes, entre ces 2 pathologies, et l’impact de l’une sur l’autre.

Le 3article met en évidence le lien entre dépression et diabète. Le retentissement du diabète sur la santé psycho­logique, de la dépression sur la gestion du ­diabète, l’adhésion thérapeutique et la question de la qualité de vie seront précisés. La dépression comme facteur de risque de diabète sera également abordée.

Ce dossier ne serait pas complet sans un focus sur les personnes vivant avec une pathologique psychiatrique. Les facteurs impliqués dans la prise de poids seront décrits, notamment l’impact des antipsychotiques. Seront également abordées les stratégies thérapeutiques et/ou préventives, et notamment le formidable espoir associé au traitement de l’obésité par analogue du récepteur au GLP-1, et bientôt par double agonisme des récepteurs du GLP-1 et du GIP.

Dans cette période fantastique marquée par l’essor des nouvelles technologies et les solutions innovantes, il faut rappeler que l’accompagnement ne peut ni se limiter à des conseils nutritionnels, ni à des prescriptions médicamenteuses pertinentes. Considérer la personne de manière holistique, tel est assurément le principal message de ce dossier. ■


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A. Sultan déclare avoir des liens d’intérêts avec Lilly et Novo Nordisk.

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