Sujet incontournable de l'hématologie actuelle, les CAR-T cells se devaient d'être traitées dans Correspondances en Onco-Hématologie. Qu'il s'agisse d'une révolution dans la prise en charge de nos patients ne fait aucun doute, mais que cette aventure ait débuté il y a 30 ans est moins évident pour la majorité des lecteurs.
C'est Gideon Gross (1) qui établit en 1989 les fondements de l'édifice en modifiant le récepteur T pour qu'il exprime une immunoglobuline, créant ce qu'il appelle alors des “molécules chimériques immunoglobuline-récepteur T”. Au-delà d'une construction originale, Gross (de l'équipe de Zelig Eshhar) crée une molécule dont l'affinité passe du micromolaire au nanomolaire et dont l'efficacité s'affranchit du système HLA, 2 propriétés de choix pour lutter contre les tumeurs réfractaires.
Deux années plus tard, le CD3ζ est confirmé comme l'élément essentiel du récepteur T pour induire l'activation de la cellule (2), découverte majeure pour les futures constructions des CAR-T cells. La suite sera plus fastidieuse et il faudra attendre 2011 pour la première utilisation vraiment réussie chez l'homme, dans la leucémie lymphoïde chronique (3), et fin 2012 pour le formidable essor médiatique donné par la probable guérison d'Emily Whitehead, une fillette de 6 ans atteinte d'une leucémie aiguë lymphoblastique réfractaire, à Philadelphie.
Laissons la narration de la suite de cette formidable épopée aux auteurs de ce dossier. Vous y découvrirez tous les pans de cette nouvelle thérapeutique, ses indications, ses perspectives, la recherche actuelle, tant privée qu'institutionnelle et, quitte à traiter d'une thérapie cellulaire qui a le vent en poupe, nous vous offrons une mise à jour des connaissances d'une thérapie non chimérique mais toujours prometteuse, celle des lymphocytes T antiviraux.
Devant tant de promesses , je ne peux que vous souhaiter une bonne dégustation…