Certains de nos collègues, sans doute par amicale provocation, s'étonneront de voir publié un dossier consacré à la leucémie myéloïde chronique, arguant que tout a été fait dans cette hémopathie maligne, jadis d'évolution fatale, et précisant qu'elle est devenue une maladie chronique n'ayant quasiment plus d'impact sur l'espérance de vie attendue des patients. Je leur donne raison sur le deuxième point, celui du bénéfice fantastique sur la survie globale obtenu grâce aux inhibiteurs de tyrosine kinases. Mais il reste encore de nombreuses questions en suspens et le travail n'est pas terminé.
La plus urgente des questions concerne les patients résistants aux inhibiteurs de tyrosine kinases ou ceux dont la maladie est en phase de transformation, car même s'ils restent minoritaires (10 %), leur cas représente un vrai défi. Matteo Dragani et Emmanuel Raffoux font le point sur leur prise en charge en 2021 (page 69). Gabriel Etienne, quant à lui, expose les premiers résultats, tant attendus, relatifs à une nouvelle classe de thérapies ciblées : les inhibiteurs allostériques (page 73). La leucémie myéloïde chronique, incroyable et unique modèle d'oncogenèse, continue de montrer une voie qui pourra être utile aux autres hémopathies… Elle est un modèle pour la standardisation internationale de la RTQ-PCR et pour la structuration de son diagnostic et de sa prise en charge au niveau européen. Stéphanie Dulucq (page 65) nous montre que, dans les prochaines années, une nouvelle avancée pourra venir de l'utilisation de la PCR digitale et Émilie Cayssials (page 80) nous présente les dernières recommandations de l'European Leukemia Network avec l'introduction des nouveaux objectifs de réponse notamment chez les patients jeunes. Enfin, Pascale Cony-Makhoul détaille les enseignements que l'on peut tirer des registres nationaux des cancers et de leur intérêt pour définir de nouvelles organisations de prise en charge des patients (page 87).
Bonne lecture et merci aux auteurs pour leur contribution.■