Les Jeux olympiques sont à notre porte, la flamme parcourt le territoire et le sport a envahi notre quotidien. Comment ne pas parler du sport et de son interaction avec notre spécialité ? Même si les premiers mots venant à l’esprit quand on évoque l’hématologie sont dopage et érythropoïétine, vous allez découvrir comment le sport permet aux patients atteints d’une pathologie hématologique de se projeter dans le futur afin de mieux supporter le parcours de soins, de se reconstruire après le traitement, et de mobiliser autour des combats des patients.
Alors oui, le sport, et en particulier lors de compétitions à forts enjeux comme les Jeux olympiques, est lié à une recherche de la performance. Sommes-nous égaux pour performer ? Comme vous le lirez dans l’article de T. Huynh et O. Hermine, des mutations associées classiquement à des maladies peuvent être des facteurs prédisposant à la performance. Accéder à la victoire, à l’exploit, fait rêver, et la tentation de se rendre meilleur artificiellement peut conduire à des pratiques interdites. La surveillance attentive des paramètres biologiques des sportifs de haut niveau – notamment des paramètres hématologiques – permet d’éviter des pratiques frauduleuses comme nous l’explique O. Salamin. Cependant, le travail et l’entraînement favorisent, jour après jour, la réalisation de prouesses et l’amélioration des records grâce à des adaptations physiologiques, ainsi que le changement des paramètres hématologiques et rhéologiques comme nous l’expliquent J.F. Brun et al. Mais attention au surentraînement et à ses conséquences inverses. Au quotidien, dans nos pratiques d’hématologues, le sport, c’est d’abord des programmes établis pour les patients afin de les aider à tolérer et ainsi à favoriser le succès des traitements. V. Pinelli partage son expérience en nous invitant à mettre ces pratiques au cœur de nos parcours de soins. Après les traitements vient le temps de la reconstruction, du réapprentissage du quotidien et, là aussi, l’activité sportive permet de construire des programmes pour reprendre confiance en soi, pour se fixer des objectifs, pour gagner et se surpasser.
C. Janin, médecin et 1re femme française au sommet de l’Everest, a fondé, à son retour d’expédition, l’association À chacun son Everest ! dont on va bientôt fêter les 30 ans. S’étant d’abord consacrée aux enfants et aux adolescents ayant été traités pour une leucémie ou un cancer, elle a ensuite étendu son activité aux femmes soignées pour un cancer du sein. Le camp de base de À chacun son Everest ! est à Chamonix et a permis d’offrir à des centaines d’enfants et de femmes une semaine constituant un véritable stage thérapeutique. Pendant ce séjour, ils peuvent découvrir la montagne, l’escalade, les chiens de traineau, l’alpinisme…, mais surtout reprendre confiance en eux et en leur corps et avoir des espaces de parole uniques, que cela soit entre eux ou avec les encadrants. L’impact thérapeutique est majeur et leur permet de vivre au mieux cette période difficile de l’après-cancer. Les parents nous disent souvent que leur enfant est revenu différent et transformé par cette semaine, ce qui est aussi souvent évident pour nous lors de la 1re consultation “d’après Chamonix”. Longue vie à À chacun son Everest ! Et pour mobiliser autour des causes dont tous nos patients ont besoin – don de sang et de moelle, aide à la recherche, etc. –, quoi de mieux que d’organiser des manifestations sportives ? C’est ce que nous explique C. Trentin.
Le sport est donc en forte relation avec notre spécialité. Nous vous souhaitons de belles lectures dans ce numéro, puis d’aller pratiquer votre sport préféré et profiter des Jeux olympiques de Paris 2024 !■