La prévalence des métastases cérébrales chez les patients porteurs d'un CBNPC est élevée, notamment chez les patients avec mutations oncogéniques (jusqu'à 50 %) [1]. Les biopsies liquides, via l'analyse de l'ADNtc, permettent, de façon complémentaire à la biopsie tissulaire, l'analyse du profil mutationnel. Cependant, du fait de la barrière hématoencéphalique, en cas de progression cérébrale isolée, la détection d'ADNtc peut être altérée [2].
À Gustave-Roussy [3], 247 patients porteurs d'un CBNPC avec au moins une altération oncogénique (EGFR (46 %), ALK (15 %), KRAS (13 %), BRAF (10 %), HER2, ROS1, MET, PIK3CA, STK11, TP53) mise en évidence avec un panel NGS (InVisionFirst : 36 gènes) ont été inclus et analysés en 3 groupes : progression cérébrale isolée (iCNS) (n = 54), progression extracérébrale sans lésion intracrânienne (noCNS) (n = 99) et progression cérébrale et progression extracrânienne (cCNS) (n = 94). Les patients iCNS étaient plus jeunes, plus fréquemment réarrangés ALK que les autres patients et dans 70 % des cas, porteurs de métastases cérébrales dès le diagnostic. L'ADNtc était détecté chez 52 % d'entre eux, soit significativement moins que chez les patients avec progression extracérébrale et en quantité moins importante (1 versus 2,7 % (noCNS) et 9,4 % (cCNS) respectivement). Par rapport aux patients dont l'ADNtc était non détectable, la présence d'ADNtc était également associée à une progression extracérébrale ultérieure plus importante (32 versus 7 %, p = 0,026) et plus rapide. Aucune corrélation entre la charge tumorale intracérébrale et la détection d'ADNtc n'a été retrouvée. Des mutations de résistance n'étaient détectées que dans 6 % (iCNS) des cas contre 45 % (noCNS et cCNS). Même si le nombre de patients iCNS évalués était faible, le LCS était plus souvent contributif.
Commentaire
Bien que moins rentable que chez les patients avec atteinte extracérébrale à progression, la biopsie liquide chez les patients avec progression cérébrale isolée est contributive pour 1 patient sur 2. Cependant, la détection des mécanismes de résistance reste faible, cela pouvant être lié à un manque de sensibilité mais également à une fréquence moins élevée des mutations de résistance pour des raisons pharmacocinétiques avec une moins bonne diffusion intracérébrale des traitements (surtout des ITK de 1re génération, l'étude ayant été conduite entre 2016 et 2018). Le LCS peut également se positionner comme une alternative chez ces patients.