La pathologie oncologique thoracique est un domaine en évolution constante. Rester à jour de ses connaissances est indispensable à la prise en charge optimale des patients, mais peut devenir compliqué. Ce numéro, en coédition avec Correspondances en Onco-Théranostic, a pour ambition de vous apporter un éclairage sur les données issues de la 5e édition de la classification OMS des tumeurs thoraciques parue cette année [1] et de faire un focus sur quelques altérations moléculaires sélectionnées.
La nouvelle classification OMS des tumeurs thoraciques apporte des précisions sur les différentes entités, ajoutant de nouvelles sections, notamment les “critères diagnostiques essentiels et souhaitables” qui incluent les données moléculaires. Plusieurs spécialistes du domaine ont mis leur expertise au service de ce numéro pour vous donner les points essentiels à retenir dans le champ des adénocarcinomes pulmonaires (Véronique Hofman et Audrey Lupo), des tumeurs neuroendocrines (Nicolas Poté et Fabien Forest), des tumeurs thymiques (Nicolas Piton) et des mésothéliomes (Françoise Galateau Salle et Véronique Hofman). Nous avons la chance d'avoir en France un groupe d'experts en pathologie thoracique (groupe PATTERN) extrêmement actifs, assurant une relecture des cas difficiles et partageant leur expérience pour les techniques d'immunomarquage à mettre en place en routine. Je ne doute pas que ces mises au point seront d'une aide précieuse pour les pathologistes mais aussi pour les cliniciens et les biologistes sollicités en cas d'analyse moléculaire.
En ce qui concerne les anomalies moléculaires, nous vous proposons une mise au point sur les analyses à réaliser en cas de résistance aux ITK de l'EGFR qui deviennent de plus en plus complexes (Michèle Beau‑Faller et al.), une synthèse des données relatives à une cible thérapeutique récemment identifiée – les mutations entraînant un saut d'exon 14 de MET (Philippe Jamme et al.) – et un focus sur une altération qui était réputée non ciblable – les mutations KRAS (Céline Mascaux et al.). Ces 3 articles illustrent l'évolution des thérapeutiques dans le domaine des adénocarcinomes du poumon et le passage rapide des essais cliniques vers des autorisations temporaires d'utilisation (ATU) de nouveaux médicaments (autorisation d'accès précoce, ATU dite de cohorte, autorisation d'accès compassionnel ou ex-ATU nominative [2]).
Au cours des dernières années, nous avons fait le point sur d'autres altérations moléculaires ciblables dans les cancers du poumon : les transcrits de fusion impliquant les gènes ALK et ROS1 [3], RET [4] ou NTRK [5]. En novembre dernier, la revue Nature a publié un article [6] décrivant un nouveau réarrangement driver oncogénique CLIP1-LTK, qui implique un récepteur à activité tyrosine kinase de la famille ALK, pouvant être spécifiquement ciblé, et présent chez moins de 1 % des patients atteints d'un cancer bronchique non à petites cellules. Cette nouvelle découverte montre bien l'intérêt des panels de séquençage ADN et/ou ARN larges dans ce type de cancer, et conforte encore plus les recommandations de l'ESMO [7] dans ce domaine.
En cette fin d'année, nous vous souhaitons de très belles fêtes et une lecture très agréable de ce numéro spécial.