La prise en charge du cancer de la prostate hormonosensible a été récemment profondément modifiée. L'objectif de ce dossier des Correspondances en onco-urologie est de faire le point sur les nouvelles stratégies thérapeutiques, et de mettre en lumière les modifications à venir.
Depuis la mise en évidence de l'efficacité de la suppression androgénique chez le patient métastatique, l'“hormonothérapie” (castration chirurgicale ou médicale) a été le traitement de référence, le traitement local étant réservé aux formes localisées ou localement avancées. L'intérêt du traitement local au stade métastatique a été évoqué, fondé sur un rationnel biologique (réensemencement tumoral régulier, absence de contrôle local par le traitement systémique) et sur des données rétrospectives. Des éléments prospectifs récents plaident pour le traitement de la tumeur primitive en cas de faible volume tumoral.
Dans ce numéro, Christophe Hennequin analyse ces différentes données, ainsi que le rôle potentiel du traitement local de la métastase chez le patient oligométastatique.
La maladie métastatique est hétérogène, avec des formes à haut volume, rapidement évolutives, et des formes moins agressives, de faible volume, voire oligométastatiques. Jihane Boustani et Pierre Blanchard consacrent un article à la question de la maladie oligométastatique. Faut-il seulement définir cette entité par le nombre de métastases ou considérer qu'il s'agit d'un état de transition entre la forme localisée et la forme métastatique, avec un comportement biologique propre ? L'amélioration de l'imagerie va-t-elle modifier la caractérisation de ces formes ? Quel est le traitement systémique optimal ? Enfin, faut-il traiter directement les quelques métastases mises en évidence par l'imagerie moderne ? Si les données actuelles montrent une efficacité sur le contrôle local, l'impact sur la survie reste à démontrer.
Nicolas Delanoy, Antonin Broyelle et Stéphane Oudard reviennent sur la révolution liée à la démonstration de l'efficacité des taxanes au stade métastatique hormonosensible. Jusqu'en 2015, la chimiothérapie était réservée aux formes résistantes à la castration. Après la publication des essais GETUG-AFU 15, CHAARTED et STAMPEDE, l'association suppression androgénique + docétaxel est devenue la référence des formes métastatiques d'emblée, de haut volume. Une deuxième révolution a été la mise en évidence par les essais LATITUDE et STAMPEDE, en 2017, de la supériorité de la combinaison castration + abiratérone sur la castration seule. Les données actuelles ne permettent pas de faire la preuve de la supériorité d'une stratégie par rapport à l'autre. La balance bénéfice/risque doit être discutée pour chaque patient en réunion de concertation pluridisciplinaire.
L'accroissement de l'offre et de l'efficacité thérapeutiques dans le cancer de la prostate métastatique pose naturellement des questions médico-économiques. La problématique de la pertinence des soins est soulevée dans ce numéro par Sandrine Bourguignon et Hélène Moutier, économistes de la santé.
Bonne lecture.