L'ESMO 2020, malgré les conditions sanitaires, a tenu une nouvelle fois toutes ses promesses dans les cancers urologiques par sa richesse en termes de résultats d'essais majeurs de phase III et de molécules innovantes.
Dans les cancers de la prostate, l'essai STAMPEDE a confirmé les bénéfices majeurs en survie apportés par l'acétate d'abiratérone dans les formes métastatiques hormonosensibles, quelle que soit la charge métastatique. La combinaison de l'ipatasertib, un inhibiteur d'AKT, à l'abiratérone apporte dans l'essai IPATential150 une amélioration significative de la survie sans progression radiographique dans les cancers résistants à la castration métastatiques (CPRCm) qui présentent une perte de fonction de PTEN. L'actualisation de l'étude PROfound a montré un avantage en survie globale de l'olaparib dans les CPRCm multitraités avec des altérations au niveau de gènes de réparation de l'ADN. De nouvelles pistes thérapeutiques s'ouvrent avec l'AMG 160, premier anticorps bispécifique ciblant le PSMA.
En 1re ligne métastatique des cancers de la vessie, les résultats de l'étude DANUBE évaluant la combinaison d'immunothérapie durvalumab + trémélimumab suivie d'un traitement d'entretien par durvalumab et ceux de l'étude MK-361 évaluant le pembrolizumab seul ou associé à une chimiothérapie étaient très attendus, mais ils n'ont pas atteint leur objectif principal et ne changeront pas les pratiques. À la suite de l'étude JAVELIN Bladder 100, une chimiothérapie première suivie d'un traitement d'entretien par avélumab en l'absence de progression constitue le standard. Dans les lignes suivantes, 2 anticorps conjugués, l'enfortumab vedotin et le sacituzumab govitécan, donnent des taux de réponse et de survie encourageants dans les essais de phase II. Ils vont être évalués en phase III.
En 1re ligne métastatique du cancer du rein, l'essai CheckMate 9ER a montré que la combinaison nivolumab + cabozantinib allonge la survie sans progression (critère de jugement principal), mais aussi la survie globale (critère de jugement secondaire) par rapport au sunitinib seul, comme l'avaient montré auparavant les combinaisons nivolumab + ipilimumab et pembrolizumab + axitinib désormais disponibles en France. L'étude BIONIKK, présentée par l'équipe de l'HEGP, qui testait une signature moléculaire comme outil décisionnel en 1re ligne de traitement des cancers du rein à cellules claires, a montré des réponses aux traitements systémiques différentes en fonction des groupes moléculaires, s'inscrivant comme un biomarqueur potentiel pour guider le choix thérapeutique de 1re ligne.
Parmi les innovations, le MK-6482, un puissant inhibiteur sélectif de HIF-2α, s'avère efficace avec une bonne tolérance dans les formes avancées.
Toutes ces nouvelles perspectives développées par nos experts sont à découvrir en détail dans ce numéro.