En une décennie, le “moléculaire” s’est imposé dans tous les champs de la médecine, en particulier de la cancérologie, depuis le diagnostic jusqu’au suivi en passant par le pronostic et le théranostic. Cette “molécularisation” de la pratique concerne à plus d’un titre la pathologie urologique.
L’exemple le plus notable est sans doute celui de la place des altérations des gènes BRCA dans les cancers de la prostate. Les travaux sont aujourd’hui si nombreux et si passionnants qu’on peut s’attendre à des évolutions rapides dans les schémas de prise en charge qui dépassent les indications actuelles des cancers métastatiques résistants à la castration. Les implications de la découverte d’une altération de ces gènes ne sont cependant pas sans conséquence sur l’environnement familial des patients. C’est l’objet du premier article de ce dossier “Altérations des gènes BRCA et cancer de la prostate”.
Les cancers du rein ont longtemps servi de modèle de classification génétique des tumeurs. Au-delà d’aider à une meilleure reconnaissance de groupes histopronostiques, certains biomarqueurs sont aujourd’hui utiles au choix du traitement de 1re ligne ou prédictifs de réponse aux inhibiteurs des points de contrôle (checkpoints) immunitaire (ICI). De plus, la recherche de signatures moléculaires d’expression de gènes s’inscrit dans une dynamique porteuse d’espoir dans le cancer du rein à cellules claires métastatique.
À côté des marqueurs et profils déterminés à partir d’échantillons tumoraux, la recherche de marqueurs circulants constitue une autre approche diagnostique et pronostique du cancer du rein. Faciles d’accès, ces biomarqueurs pourraient potentiellement améliorer les stratégies de dépistage, de surveillance ou de traitement systémique : ADN circulant et ses méthylations, protéines de surface, cellules immunitaires circulantes, interleukines, marqueurs d’angiogenèse, ARN non codants, etc. sont autant de pistes prometteuses vers une médecine adaptée, véritablement “personnalisée”.
D’autres profils moléculaires sont maintenant bien caractérisés dans les cancers urothéliaux. Si leurs valeurs pronostiques sont à peu près connues, en corrélation avec des aspects histologiques spécifiques, leurs implications thérapeutiques restent à déterminer, à l’exception significative des altérations des gènes FGFR2-3 pour lesquels une classe thérapeutique existe désormais aux indications grandissantes, et de l’émergence encore timide de traitements combinés à des anticorps monoclonaux.
L’immunothérapie représente l’autre grande révolution de cette dernière décennie. Les indications, déjà évoquées précédemment pour le cancer du rein, et toujours en évolution, sont rappelées dans l’avant-dernier article “Immunité et onco-urologie” pour l’ensemble des pathologies tumorales de la sphère urologique.
Enfin, nous soulignerons combien la communication et la compréhension entre pathologistes et cliniciens constituent des étapes indispensables à la bonne prise en charge multidisciplinaire du cancer. Elles sont essentielles à la réussite de la hiérarchisation moléculaire des échantillons qui permettra d’identifier les thérapies les plus pertinentes pour les patients les plus susceptibles d’en bénéficier.
Nous remercions chaleureusement les auteurs qui ont contribué à l’élaboration de ce dossier réalisé en coédition avec Correspondances en Onco-Théranostic.
En vous souhaitant une bonne et riche lecture.■