Chers Lecteurs,
En juin 2018, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié sa recommandation de bonnes pratiques dans la prise en charge de la maladie de Lyme (1). La fiche consacrée à cette maladie classe les manifestations en fonction de leur délai d'apparition :
- la forme localisée précoce : l'érythème migrant ;
- les formes disséminées précoces (moins de 6 mois après l'apparition des premiers symptômes), regroupant l'érythème migrant à localisation multiple, le lymphocytome borrélien, les atteintes neurologiques centrales ou périphériques ;
- les formes tardives (plus de 6 mois après l'apparition des premiers symptômes), avec l'acrodermatite chronique atrophiante et les atteintes neurologiques et psychiatriques ;
- les formes articulaires, cardiaques et ophtalmologiques, qui peuvent être précoces ou tardives.
Cette fiche a permis un consensus dans les recommandations des examens complémentaires et la prise en charge thérapeutique, avec, pour rappel, pour nous autres dermatologues (en traitement de première intention) : doxycycline (200 mg/j) ou amoxicilline (1 à 2 g × 3/j) durant 14 jours pour l'érythème migrant, et durant 21 jours pour la forme multiple et pour le lymphocytome borrélien. L'acrodermatite chronique atrophiante justifie un traitement prolongé par doxycycline (200 mg/j) ou ceftriaxone 2 g/j pendant 28 jours. À côté de cette prise en charge qui fait consensus, un tableau clinique a beaucoup plus fait polémique. Il a été à l'origine d'un refus des sociétés savantes, en particulier la SPLIFE (Société de pathologie infectieuse de langue française), de valider l'ensemble de ces recommandations. Il s'agit d'un tableau clinique représentant, pour la HAS, une possible forme chronique de Lyme. Un chapitre a en effet été consacré au “symptomatologie/syndrome persistant(e) polymorphe après une possible piqûre de tique”. C'est l'objet de la tribune de François Bricaire que vous découvrirez dans ce numéro.
Nous vous proposons dans ce numéro printanier de nombreux cas cliniques illustrant des dermatoses infectieuses, zoonoses et autres maladies d'inoculation, dont le diagnostic repose le plus souvent sur un bon interrogatoire et un fin examen clinique, mais nécessite aussi parfois le secours de l'anatomopathologiste.