Depuis ces 5 dernières années, on assiste à une exposition de plus en plus précoce des mélanomes aux thérapies systémiques : traitements adjuvants puis néoadjuvants pour les stades III, puis immunothérapie adjuvante pour les stades IIB/IIC. La mise à disposition du pembrolizumab en accès précoce en France depuis mars 2023 peut faire questionner l’intérêt de rechercher le ganglion sentinelle pour les stades IIB/IIC. L’engouement récent pour les stratégies d’immunothérapies néoadjuvantes a atteint son point culminant à l’ESMO 2022 avec le premier essai comparant adjuvant et néoadjuvant dans les mélanomes de stades III macroscopiques ou IV [1]. En 2023, l’adjuvant reprend du “terrain”, avec les premiers résultats d’une association anti-PD1 et vaccin anti-tumoral à ARN messager, largement médiatisés dans le grand public, avant même d’avoir été présentés à un congrès (AACR puis ASCO®2023, abstr. LBA9503). À l’ASCO®2023, la moitié des communications orales et des discussions de posters ont porté sur des essais néoadjuvants (essais OpACIN-neo et Prado, abstr. 101 Reijers et al.) ou adjuvants (essai KEYNOTE-716, abstr LBA9505 ; essai CA209-76K, abstr. 9504), y compris dans les mélanomes muqueux (abstr. 9508 et 9514). Malheureusement, on note peu d’études concernant les situations difficiles, comme la progression sous immunothérapie, encore trop fréquente (essai IGNYTE, abstr. 9509 ; fianlimab + cémiplimab, abstr. 9501).
L’actualité thérapeutique dans les cancers cutanés non mélanomes est également maigre, même si on s’intéresse enfin aux anti-PD1 dans les carcinomes des transplantés d’organes (abstr. 9519) et à la double immunothérapie dans les carcinomes de Merkel (abstr. 9506). Enfin, on retiendra, sur un plan plus fondamental, un coup de projecteur et un hommage rendu aux chercheurs et chercheuses impliqués dans les liens entre le microbiote et le cancer, ainsi qu’un état des lieux sur le gene profiling, très développé aux États-Unis. Dans une session éducative très critique [2], M. Sabel nous rappelle l’importance de la pertinence de ces tests, de leur validation indépendante sur des cohortes prospectives, et de bien distinguer les marqueurs pronostiques des marqueurs prédictifs de réponse, qui sont beaucoup plus rares et non réalisés en routine.