Il est trop tôt pour dire si le gouvernement du Premier ministre Gabriel Attal sera révolutionnaire, mais l’édition 2023 du congrès de l’ESMO en oncodermatologie ne l’a pas vraiment été. L’engouement pour les stratégies d’immunothérapie néoadjuvante est encore renforcé, que ce soit dans le mélanome, avec les données pathologiques de l’étude SWOG 1801 comparant le pembrolizumab en néoadjuvant versus adjuvant (#LBA48), ou bien dans le carcinome épidermoïde cutané (CEC) traité par cémiplimab (#1088MO). Dans le mélanome, on notera que des efforts louables sont faits pour explorer des situations classiquement défavorables, mais sans réel scoop : métastases cérébrales progressant sous anti-PD1 (#10850), atteintes leptoméningées traitées par nivolumab intrathécal (#10820), mélanomes muqueux traités par TIL (lymphocytes T infiltrant la tumeur) (#1086MO) ou encore mélanome uvéal, avec les données à 3 ans du tébentafusp (# LBA50) ou des stratégies de thérapies ciblées (#10810). Saluons l’étude multicentrique française TOSCA dans les CEC avancés (#1140P), qui a permis de comparer l’efficacité du cémiplimab à un groupe contrôle de traitements historiques, et a ainsi contribué à une révision de l’avis de la Commission de la transparence de la Haute Autorité de santé (HAS) du 30 août 2023 [1]. Rappelons que ce traitement, qui bénéficie d’une autorisation de mise sur le marché européenne depuis 2020, n’était plus remboursé en France depuis janvier 2021, faute d’un essai avec bras comparateur exigé par la HAS.
L’intérêt de ce congrès 2023 aura aussi résidé dans les sessions de controverses très bien argumentées, que ce soit sur le traitement adjuvant des mélanomes de stades IIB/IIC ou sur le traitement de choix en 1re ligne métastatique. Ces éclairages sont d’autant plus précieux que nous disposons de plusieurs traitements que l’on peut proposer à différents stades de la maladie, mais sans bons marqueurs disponibles en pratique pour guider nos choix. Cette situation génère de nombreux questionnements qui alimentent des consultations parfois très longues avec nos patients, de plus en plus informés.
Enfin, rappelons que l’oncodermatologie française se mobilise pour que le congrès de l’EADO (European Association of Dermato-Oncology), organisé à Versailles, soit une réussite les 4 et 5 avril 2024. Parions qu’il sera ROYAL !
1. Haute Autorité de santé. 2023. https://www.has-sante.fr/upload/docs/evamed/CT-20301_LIBTAYO_PIC_REEV_AvisDef_CT20301.pdf