Éditorial

Oncodermatologie : la route est longue


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Le scoop de l’ASCO® 2024 en oncodermatologie, présenté en séance plénière, revient à l’essai NADINA, premier essai de phase III ayant montré la supériorité de 2 cures de double immunothérapie en néoadjuvant sur la monothérapie anti-PD1 en adjuvant en termes de survie sans récidive et événement, dans les mélanomes de stade III opérables. Cet essai vient confirmer la domination de l’immunothérapie périchirurgicale sur l’adjuvant standard qui avait fait grand bruit pour la première fois à l’ESMO 2022 avec l’essai académique américain SWOG 1801. Toutefois, le camp de l’adjuvant ne s’avoue pas encore vaincu, puisque l’association d’un vaccin à ARN messager personnalisé (réalisé à partir des néoantigènes tumoraux du patient) majorait de façon importante l’effet de l’immunothérapie adjuvante en termes de survie sans récidive à 3 ans dans un essai de phase II (#LBA9512), données désormais confirmées à 3 ans. Les résultats du vaste essai de phase III V940- 001 sont, par conséquent, très attendus. La rapidité du recrutement (clôture des inclusions en juillet 2024) témoigne de l’intérêt de la communauté oncodermatologique pour cette association. Un cocktail de cytokines intratumorales est également proposé en néoadjuvant, notamment en cas d’oligoprogression ganglionnaire après immunothérapie (#LBA9501).

La stratégie néoadjuvante s’étend également aux autres cancers cutanés : carcinomes épidermoïdes  (#9514) et carcinome de Merkel, mais cette stratégie est également évaluée dans les mélanomes rares tels que les mélanomes muqueux, voire uvéaux, phénomène assez inédit qui témoigne de l’enthousiasme suscité par le néoadjuvant.

L’essai EBIN/EORTC dans les mélanomes métastatiques BRAFV600 naïfs de traitement montre que l’induction par 3 mois de thérapie ciblée avant une double immunothérapie (anti-PD1 + anti-CTLA4) n’apporte pas de bénéfice durable par rapport à la double immunothérapie d’emblée (#LBA9503). Les premiers résultats de la triple immunothérapie anti-PD1 + anti-LAG3 + anti-CTLA4 en 1re ligne métastatique sont très encourageants, mais le recul en termes de survie sans récidive ou globale est encore insuffisant pour juger si le rapport bénéfice-toxicité est acceptable (essai Relativity 047, #9504). Les progrès en cas d’immunorésistance acquise en phase métastatique sont malheureusement très modestes, qu’il s’agisse de l’association anti-PD1 à un virus oncolytique modifié (#9517), ou un anti-TIGIT ou de l’acide trans-rétinoïque (#9506).

Enfin, rappelons le décalage de plus en plus inquiétant entre la parution de résultats scientifiques dans des congrès majeurs et le délai avant le remboursement de ces traitements en France. À la date de rédaction de cet éditorial, les remboursements du cémiplimab dans les carcinomes épidermoïdes cutanés avancés, du nivolumab en adjuvant dans les stades IIB/C, de l’association nivolumab + relatlimab en 1re ligne métastatique ou de l’élargissement de l’association ipilimumab + nivolumab aux mélanomes avec mutation BRAF ne sont toujours pas débloqués, obligeant les établissements prenant en charge ces cancers à des mesures acrobatiques pour offrir aux patients les meilleures chances de traitement.


Liens d'intérêt

S. Monestier déclare avoir des liens d'intérêts avec BMS, MSD, Pierre Fabre Oncologie, Sanofi et Novartis.

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