Étant donné la problématique du réchauffement climatique, dont il est fait quotidiennement mention dans les actualités, décidément moroses, la limitation des émissions de gaz à effet de serre, en particulier, et celle des dépenses en ressources diverses (eau, électricité, etc.) sont devenues des enjeux majeurs pour nous, afin d’assurer de façon pérenne les mêmes standards de vie aux générations futures.
Si tous les secteurs professionnels sont globalement concernés par ce changement de paradigme par rapport à la société d’après-guerre, l’ophtalmologie n’est pas en reste et compte bien apporter sa petite contribution à ce mouvement général. Les collyres ou autres formes de traitement venant souvent de loin, comme on l’a vu de façon criante pour l’accès aux antibiotiques en période de Covid et pour les kits chirurgicaux en provenance d’autres continents, avec des instruments chirurgicaux à usage unique qu’on utilise parfois quelques secondes avant de les jeter, ou des instruments restérilisables qui consomment du temps d’autoclave, l’ophtalmologiste d’aujourd’hui se pose légitimement des questions sur son mode de fonctionnement au quotidien.
En termes d’émission de gaz à effet de serre, notre contribution peut être importante lorsque l’on s’intéresse aux études qui portent sur le sujet. Ainsi, l’empreinte carbone d’une chirurgie de la cataracte varie de 180 [1] à 80 kg [2] d’émission de CO2 ; une seule injection intravitréenne (IVT), sans comptabiliser l’anti-VEGF, a une empreinte carbone de 13,7 kg [3]. Les chiffres varient évidemment beaucoup pour une même procédure, en raison du mode de calcul et de l’intégration de différents paramètres. Si l’on rapporte ces chiffres au nombre total d’IVT (près de 341 000 en 2019 d’après les données de la Sécurité sociale) et de chirurgies de la cataracte (plus de 700 000 yeux opérés selon la HAS en 2014) réalisées en France, cela représente environ un total de 600 millions de kilomètres en voiture, soit près de 3 fois la distance moyenne Terre-Mars, si tant est qu’on y aille en voiture…
L’enjeu est donc de taille et mérite que l’on s’y attarde pour tenter d’améliorer nos pratiques dans ce domaine en favorisant les circuits courts, en cherchant à limiter les dépenses de ressources en eau ou en énergie et, peut-être un jour, en améliorant le circuit des déchets, grâce au choix de kits chirurgicaux réutilisables. En tout cas, beaucoup de choses restent à faire dans ce domaine.
Pour finir, et malgré ces craintes environnementales, je voudrais vous souhaiter à tous d’excellentes fêtes de fin d’année et une bonne lecture de ce dossier consacré à la médecine interne. Je remercie également l’ensemble des auteurs qui contribuent à la qualité de la revue ainsi que l’équipe éditoriale.II