Chères lectrices, chers lecteurs,
C’est avec grand plaisir que nous vous dévoilons ce numéro d’Images en Ophtalmologie sur le risque médicolégal. Ce sujet capital, paradoxalement peu abordé, est omniprésent dans notre profession puisque, selon les données de la MACSF, un praticien sera en moyenne potentiellement mis en cause 2 fois au cours de sa carrière. La mise en cause par un patient, quelle que soit la juridiction, peut être difficile à vivre. En effet, en plus de la culpabilité, l’inconnu peut effrayer ; c’est pourquoi nous avons décidé de clarifier ce sujet grâce à ce dossier. Vous découvrirez que les différentes juridictions devant lesquelles les patients intentent une action n’ont ni les mêmes objectifs ni les mêmes conséquences pour le médecin mis en cause.
Je remercie tous les auteurs de ce dossier pour la grande qualité et la clarté de leurs manuscrits. La plupart d’entre eux sont, en plus de leur profession d’ophtalmologiste, des experts médicolégaux et interviennent en réunion d’expertise afin de donner un avis impartial sur un dommage impliquant l’œil.
Dans ce numéro, le Dr Julien Bullet, expert près la cour d’appel de Versailles, nous explique quels sont les risques médicolégaux encourus par l’ophtalmologiste et comment la responsabilité ordinale, civile ou pénale d’un médecin peut être engagée. Puis, le Pr Jean‑Rémi Fénolland, expert près la cour d’appel de Paris, nous donne les clés de la rédaction d’un compte rendu opératoire, élément capital du dossier médical, qui doit toujours être le plus complet et le plus conforme à la réalité possible. Le Pr Françoise Froussart-Maille, expert près la cour d’appel de Versailles, nous dévoile comment se déroule une réunion d’expertise. Là encore, lors de cette étape-clé, la présence du médecin mis en cause, son attitude et son empathie seront des éléments importants pour le patient ayant subi un dommage et ils seront pris en compte par l’expert. Le Dr Rachid Tahiri nous explique ensuite comment l’intelligence artificielle fait désormais partie de notre pratique ophtalmologique quotidienne et comment cette implication ne va cesser de croître. Dans ce contexte, l’aspect médicolégal en rapport avec l’intelligence artificielle nous semblait essentiel à couvrir. Le point de vue juridique de notre responsabilité médicale est capital ; Me Caroline Denambride, avocate au barreau de Lyon, s’est prêtée à l’exercice, et je l’en remercie chaleureusement, car elle nous présente les principes de la responsabilité avec le regard de la femme de loi, et nous précise également quels sont les risques auxquels doit faire face le médecin (souvent interne) au cours des remplacements ; enfin, elle expose les implications médicolégales de l’intelligence artificielle.
J’espère que vous apprécierez autant que moi la lecture de ces articles de grande qualité et que le risque médicolégal et la responsabilité médicale n’auront plus de secrets pour vous. Très bonne lecture !||