Le syndrome de l'intestin irritable (SII) reste, à l'heure actuelle, le motif de consultation le plus fréquent dans notre spécialité.
S'il est souvent banalisé car considéré comme “non grave”, il représente un enjeu majeur de santé publique en raison des coûts induits et du retentissement sur la qualité de vie des patients qui se sentent souvent mal compris.
Le dossier que nous vous proposons dans ce numéro de La Lettre de l'Hépato-gastroentérologue a pour objectif d'actualiser les connaissances concernant le SII, de balayer certaines idées reçues et de proposer des solutions thérapeutiques variées.
En effet, alors que nous avons tous appris que le SII était un diagnostic d'élimination, le concept change depuis peu et s'accompagne d'un retour du bon sens clinique qui permet d'éviter une surconsommation d'examens complémentaires inutiles et coûteux.
La prise en charge initiale fait souvent intervenir des règles hygiénodiététiques avec une forte demande des patients concernant le régime idéal et un grand nombre d'idées reçues malgré des données d'evidence-based medicine (EBM). Comme vous pourrez le lire, il n'est pas impossible qu'un jour des marqueurs prédictifs d'efficacité de certains régimes soient disponibles, ce qui serait une grande avancée dans le domaine !
En attendant, le recours à plusieurs molécules, médicaments, compléments alimentaires ou dispositifs médicaux est fréquent et diverses associations thérapeutiques sont possibles afin d'agir sur les différents mécanismes du SII. Il est également important d'avoir à l'esprit que les thérapies dites alternatives et complémentaires sont utiles à de nombreux patients, avec un niveau de preuve vraiment intéressant pour certaines d'entre elles. Ces thérapies peuvent être une solution, d'autant plus qu'elles emportent souvent l'adhésion des patients convaincus de leurs bienfaits dans la prise en charge de leur maladie.
L'avenir fera vraisemblablement appel à d'autres stratégies thérapeutiques, telles que des nouvelles molécules, la transplantation fécale et la stimulation du nerf vague. En attendant ces traitements, une amélioration de qualité de la relation médecin-patient reste une valeur sûre...