Ce nouveau numéro de la Lettre de l’Hépato-gastroentérologue consacre un dossier thématique aux actualités en coloproctologie. Après de nombreuses années où l’apprentissage et la pratique de la proctologie étaient surtout fondés sur le compagnonnage, les études scientifiques viennent à présent évaluer plus rigoureusement les techniques et étayer nos conduites thérapeutiques.
La chirurgie proctologique est encore redoutée par nos patients qui gardent souvent en mémoire le descriptif d’expériences difficiles et douloureuses rapportées par leur entourage. Depuis plusieurs décennies, le concept de chirurgie mini-invasive s’impose, le “Graal” étant une chirurgie aux suites indolores, rapides, sans complications et… aussi efficace que les techniques de référence. L’utilisation de nouvelles énergies au bloc opératoire est ainsi proposée dans les champs variés de la discipline tels que maladie hémorroïdaire, fistule anale, sinus pilonidal. Faut-il y voir une réelle avancée ? Ou faut-il craindre, après un engouement initial porté par un marketing efficace, un inéluctable glissement vers la désuétude ? Par le passé, nous avons déjà connu cela avec d’autres techniques alléchantes (anopexie par agrafage circulaire ou méthode de Longo, “plug” de collagène, etc.) !
En matière d’essais thérapeutiques et de recherche clinique, il faut bien reconnaître que le domaine des MICI est bouillonnant. À une exception près, celle des localisations anopérinéales de la maladie de Crohn, le parent pauvre des études et, bien souvent, tout simplement critère d’exclusion… Perspective passionnante, la thérapie cellulaire va à l’encontre de ce paradigme, et ses applications pourraient s’étendre à d’autres domaines de la pathologie anale, comme l’incontinence fécale.
L’épidémiologie des lésions liées au papillomavirus a de quoi donner le vertige tant le nombre de cancers viro-induits est important et en recrudescence chez certaines populations. Le dépistage et la prise en charge des lésions précancéreuses sont donc plus que jamais d’actualité, comme nous le rappellent les récentes recommandations pour la pratique établies par la Société nationale française de coloproctologie.
Le dossier thématique de ce numéro passe en revue ces différentes innovations et permet d’apprécier leur évaluation scientifique actuelle, parfois très inégale il faut bien le reconnaître… Mais chut… je ne voudrais rien “spoiler” de ce passionnant numéro !
Bonne lecture !