Éditorial

Les MICI, des progrès constants mais qui restent insuffisants


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Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) restent incurables en 2024 et sont devenues endémiques, concernant 10 millions de personnes à travers le monde. Quels ont été les progrès réalisés au cours des dernières décennies, et quels sont ceux attendus dans un avenir plus ou moins proche ? Comme je le dis souvent, deux choses ont changé en l’espace de 20 ans : la maladie est devenue invisible et tout le monde a entendu parler des MICI. Lorsque j’ai débuté mon internat en novembre 2000, devant un jeune patient pâle et amaigri, le diagnostic de maladie de Crohn était le plus souvent évident. Vingt-cinq ans plus tard, alors que les progrès thérapeutiques constants permettent le plus souvent de maintenir un état général satisfaisant, le retour à une vie normale pour les patients est devenu notre objectif thérapeutique ultime. En effet, le handicap socioprofessionnel lié à ces maladies reste majeur. Comment atteindre cet objectif ? Les taux de rémission profonde plafonnent auto­ur de 20 % avec les thérapies les plus ambitieuses. Les interventions visant les facteurs environnementaux, tels que l’alimentation, les associations de molécules et l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques sont les pistes à l’étude pour briser le plafond de verre concernant l’efficacité des stratégies thérapeutiques actuelles. Quatre patients sur cinq n’étant pas en rémission profonde avec les traitements les plus puissants, la recherche dans le domaine des MICI doit s’accélérer ; on ne peut plus compter sur des initiatives isolées pour espérer un jour guérir ces maladies. L’ère des consortiums permettra-t-elle d’aller plus loin ? En effet, ils ont permis un nouvel éclairage sur la génétique des MICI, puis sur le rôle du microbiote dans diverses pathologies humaines.

La complexité des MICI reste un défi majeur. Nous sommes désormais certains qu’il n’existe pas qu’un seul agent causal, comme dans l’hépatite C. De même, une médecine de précision, telle que celle développée par nos confrères oncologues, sera forcément différente dans les MICI, les mécanismes moléculaires impliqués dans la pathogénie de ces pathologies étant trop nombreux et encore largement méconnus.

Que faire en attendant ces progrès à venir mais encore incertains ? Une surveillance rapprochée des signes cliniques d’inflammation (grâce à l’endoscopie, l’IRM, l’échographie, les taux de protéine C-réactive et de calprotectine fécale) s’accompagnant d’une escalade thérapeutique rapide reste la règle. Il faut tout de même rappeler ici que seul 1 patient sur 10 souffrant de rectocolite hémorragique aura une colectomie, et que 1 patient sur 2 atteint de maladie de Crohn connaîtra une destruction de la paroi intestinale (sténoses, fistules et/ ou abcès). Ainsi, il est devenu urgent d’identifier les patients ayant une MICI qui ne nécessiteront ni traitement avancé ni chirurgie. Éviter le surtraitement et prévenir le sous-traitement, tels sont les deux challenges à relever avant d’espérer un jour guérir ces maladies grâce à l’effort de tous !


Liens d'intérêt

L. Peyrin-Biroulet déclare avoir des liens d’intérêts avec MSD, AbbVie, Takeda, Pfizer, Ferring, HAC Pharma, Janssen, Celltrion, Amgen, Tillotts, Gilead, Sandoz, Adacyte, Biogen, BMS, Fresenius Kabi, Galapagos, Lilly, Medac, Nordic Pharma, Viatris, Samsung, Vifor.

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