Éditorial

Sport et hépatogastroentérologie


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En ces temps mouvementés, alors que tout nous inquiète, de la conjecture économique et politique aux préoccupations légitimes sur la viabilité à long terme de notre planète, le sport incarne la quête ultime du bien-être et de la performance. Synonyme de dépassement de soi, il permet en se concentrant sur des objectifs personnels ou en équipe d’oublier le quotidien et de structurer l’avenir. Nos patients se confient souvent sur leurs activités sportives, leurs aspirations ou sur l’actualité et les exploits des champions de notre époque. En tant qu’hépatogastroentérologues, une facette moins explorée mais cruciale mérite notre attention : la relation complexe entre l’activité physique et les maladies du tube digestif. Cette relation, loin d’être linéaire, révèle une dualité intéressante, où le sport peut être à la fois remède et défi pour notre santé digestive. Nous vous proposons, dans ce numéro spécial, de plonger dans les méandres de cette connexion délicate.

Le sport, souvent glorifié pour ses vertus sur la santé globale, se dresse également en champion pour la santé digestive. L’exercice physique régulier, tel un catalyseur naturel, stimule la motilité intestinale, favorisant ainsi une digestion harmonieuse et prévenant les maux, tels que la constipation. Plus encore, pour les affections comme les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin – dont la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique –, l’activité physique modérée apparaît comme un baume apaisant. Elle améliore la qualité de vie et réduit les risques de rechute, offrant aux patients une trajectoire à suivre dans leur combat quotidien. Les maladies hépatiques ne sont pas en reste, puisque le sport joue un rôle capital dans la gestion de la stéatopathie métabolique, souvent liée à un mode de vie sédentaire et à une alimentation déséquilibrée. L’activité physique, en plus d’améliorer la sensibilité à l’insuline et de réduire l’inflammation hépatique, participe à la diminution des lésions hépatiques.

Cependant, le sport n’est pas dépourvu de dangers pour la santé digestive. Les coureurs de longue distance, par exemple, sont souvent confrontés à des troubles digestifs, conséquences de phénomènes d’hypoperfusion et d’ischémie digestive. Les microtraumatismes répétés lors de la course peuvent provoquer des microhémorragies et accroître la perméabilité intestinale, facilitant l’inflammation et les infections. Ainsi, le rêve de performance sportive peut parfois se heurter à la réalité brutale des limitations physiologiques… Face à ces défis, une gestion nutritionnelle avisée s’impose, et un entraînement intestinal – dont vous découvrirez les secrets dans ce numéro – sont des alliés précieux.

Pour les athlètes souffrant d’une maladie digestive, chaque pas, chaque souffle, chaque mouvement doit être orchestré avec soin. Alors qu’il faut prendre soin d’éviter certains médicaments nocifs, des programmes d’exercice physique modéré, comme la marche ou le yoga, peuvent offrir des bénéfices substantiels en termes de réduction des symptômes et d’amélioration de la qualité de vie, sans les risques associés à une intensité élevée.

Cette alliance délicate entre sport et maladies digestives est un ballet subtil qui exige une attention minutieuse. Avec les bonnes stratégies, une éducation thérapeutique sur le sujet et un suivi médical rigoureux, le sport devient une voie vers une meilleure santé digestive et une vie plus épanouie. Certains patients vont plus loin et s’adonnent à la pratique du sport de haut niveau… Vous pourrez lire avec émotion les exploits de trois sportifs incroyables qui ont fait de leur maladie un tremplin pour se dépasser et forcent notre admiration.

Les bienfaits du sport s’étendent bien au-delà de la sphère digestive. L’activité physique régulière est un rempart contre les maladies chroniques, y compris les maladies cardiovasculaires, le diabète et certains cancers. Elle joue également un rôle crucial dans la prévention des troubles cognitifs, comme les démences, en améliorant la circulation sanguine et en stimulant la neurogenèse. Le sport, en somme, n’est pas seulement un outil de gestion de la santé digestive, mais un pilier essentiel de la santé globale, renforçant le corps et l’esprit, et offrant une qualité de vie améliorée à tous ceux qui embrassent cette discipline avec constance et modération.

Nous vous proposons dans ce numéro spécial de découvrir des facettes inconnues des interactions entre sport et système digestif, en espérant que ce chemin vous conduira à rêver à de nouveaux défis pour nos patients et pour nous ! Je vous souhaite une très bonne lecture !


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D. Thabut déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet éditorial.

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