Historiquement, le traitement médical de la colite aiguë grave reposait sur la corticothérapie, l’infliximab et la ciclosporine. L’ustékinumab et le védolizumab ont permis de repenser les stratégies de pont en faisant le relais de la ciclosporine après la phase aiguë. Les anti-JAK représentent une nouvelle classe thérapeutique depuis quelques années dans la rectocolite hémorragique (RCH) réfractaire. Ils sont de plus en plus utilisés dans la colite aiguë grave, même si leur rôle exact reste à préciser. Trois anti-JAK sont remboursés en France : upadacitinib, filgotinib et tofacitinib. Ces trois médicaments ont un rapport bénéfices/risques différent et sont utilisés dans des situations cliniques distinctes. On peut donc dire que tous les mécanismes d’action des thérapies avancées (anti-TNF, ustékinumab, védolizumab et anti-JAK) remboursées dans la RCH en France ont une utilité en 2024 dans cette indication. Quelle sera la place du nouveau mécanisme d’action, à savoir des modulateurs de S1P, dans la RCH dans les prochains mois ? L’ozanimod n’a pas été remboursé en France en raison d’une efficacité insuffisante chez les patients déjà exposés aux anti-TNF. Qu’en sera-t-il de l’étrasimod qui possède, comme l’ozanimod, une AMM européenne dans la RCH réfractaire ? Réponse dans quelques semaines.
C’est l’occasion de rappeler ici qu’AMM ne veut pas dire systématiquement remboursement. Pour faire simple, une AMM est décidée par l’Agence européenne des médicaments (EMA) en se fondant principalement sur le critère de jugement principal des essais de phase III. Puis, chaque pays décide du remboursement et du prix de chaque médicament en fonction de ce qu’il apporte en termes d’innovation pour les patients. Un long processus, complexe, qui prend souvent au minimum un an en France et qui nécessite une négociation entre les autorités de santé compétentes et le laboratoire pharmaceutique commercialisant la molécule. Les inhibiteurs de l’interleukine 23 (mirikizumab, risankizumab et guselkumab) auront tous une AMM européenne dans les MICI en 2025. Vous avez compris, il restera donc à déterminer leur périmètre de remboursement et leur prix. À suivre... En dehors des indications classiques – les formes modérées à sévères de MICI –, il existe des indications spécifiques telles que la pochite (RCH) ou la situation postopératoire (maladie de Crohn). Les essais cliniques récemment menés en prévention de la récidive postopératoire dans la maladie de Crohn devraient venir chambouler nos algorithmes décisionnels pour ces patients. Au-delà des molécules, la surveillance rapprochée telle que recommandée actuellement ne peut plus reposer uniquement sur l’endoscopie, qu’il est difficile de répéter de façon rapprochée. La vidéocapsule est là pour vous simplifier la vie. Comme quoi, tout ne se complexifie pas dans les MICI !