Éditorial

Une CROI délibérément politique


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A l'heure où ce numéro de La Lettre de l'Infectiologue se boucle, Donald Trump connaît son deuxième revers historique. Le deuxième qui a comme toile de fond la santé. Avec le retrait par la Chambre des représentants de son projet de loi censé démanteler l'Obamacare, cette mesure qui a permis à 24 millions d'Américains, nombre d'entre eux vivant avec le VIH ou le VHC, de bénéficier d'une couverture santé. Trump échouant au passage à rallier les ultraconservateurs du Freedom Caucus, émanation ultralibérale du Tea Party dont le programme en matière de santé comporte, entre autres galéjades, l'interdiction de la “pilule du lendemain”, la limitation de l'accès aux traitements de substitution aux opiacés, l'arrêt des aides et soutiens aux personnes transgenres mineures, l'arrêt de l'étiquetage nutritionnel des aliments visant à lutter contre l'obésité, etc.

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À l'heure où ce numéro de La Lettre de l'Infectiologue se boucle, Donald Trump connaît son deuxième revers historique. Le deuxième qui a comme toile de fond la santé. Avec le retrait par la Chambre des représentants de son projet de loi censé démanteler l'Obamacare, cette mesurequi a permis à 24 millions d'Américains, nombre d'entre eux vivant avec le VIH ou le VHC, de bénéficier d'une couverture santé. Trump échouant au passage à rallier les ultraconservateurs du Freedom Caucus, émanation ultralibérale du Tea Party dont le programme en matière de santé comporte, entre autres galéjades, l'interdiction de la “pilule du lendemain”, la limitation de l'accès aux traitements de substitution aux opiacés, l'arrêt des aides et soutiens aux personnes transgenres mineures, l'arrêt de l'étiquetage nutritionnel des aliments visant à lutter contre l'obésité, etc.

Lors de cette XXIVe CROI, sise en plein État de Washington, le véritable héros n'était pas virologue, immunologiste ou clinicien. Mais juge fédéral. Le juge de Seattle, James Robart, 69 ans, marié sans enfant, engagé dans nombre de causes sociales, républicain, mis en fonction en 2003 par G.W. Bush. Et qui s'est illustré, à quelques jours de l'ouverture de la CROI 2017, en s'opposant au décret Trump “sur la protection de la Nation contre l'entrée des terroristes étrangers aux États-Unis”. Un décret interdisant l'entrée aux États-Unis aux ressortissants de “sept pays musulmans jugés dangereux” (Irak, Iran, Yémen, Libye, Syrie, Soudan, Somalie), rebaptisé “muslim ban” par ses détracteurs, et signé en urgence par Donald Trump, comme la Constitution le lui permet. Cette même constitution qui autorise un juge fédéral, suivi depuis par d'autres, dont celui de San Francisco, à s'y opposer, et Trump n'a toujours pas réussi. Le calendrier ne doit rien au hasard. La CROI, comme toutes les conférences scientifiques mondiales, surligne l'impact négatif du repli nationaliste et autoritaire de Trump sur la circulation de la pensée scientifique1. Plusieurs institutions, dont l'ANRS emmenée par Jean-François Delfraissy2,ont fait pression sur les organisateurs on-ne-peut-plus américains de la CROI. Et le Comité d'organisation de cette CROI, historique, aurait lui-même “activé” le juge Robart. C'est ainsi, le front du refus des lois protectionnistes pensées par le nouveau président des États-Unis doit beaucoup à la plus chic, mais aussi la plus américano-centrée, des conférences sur les rétrovirus.

Mais la CROI passée, dans ce contexte politique si particulier, on se prend à penser à l'IAS 2017, à Paris, en juillet prochain, avec un e-journal dédié. Une des rares conférences internationales sur le sida qui se tienne dans le pays de la découverte du VIH, mais aussi dans le pays d'une autre “France Afrique”, pas celle des “costumes” mais de la découverte du VIH-2, de la prévention mère-enfant, de Temprano et de la recherche sur TasP. En juillet prochain, la santé aura un nouveau ministre, nommé par un nouveau ou une nouvelle président(e). D'aucuns espèrent que les attaques de Trump contre les vaccins, les migrations, la santé publique − et plus globalement ce que celle-ci apporte à l'humanisation du monde − seront encore très éloignées de nous.


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G. Pialoux déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.

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