C’est le traditionnel 1er numéro de l’année de la Lettre de l’Infectiologue, le Best of biblio ! Malheureusement, vous ne trouverez peut-être pas le ou les articles qui vous ont personnellement marqués en 2023, comme peuvent être déçus les fans de tel acteur ou telle actrice non représentés aux César ou aux Oscars ! Impossible d’aborder dans cet éditorial tous les thèmes discutés dans ce numéro. Néanmoins, certains peuvent prêter à discussion au-delà de la conclusion des auteurs. C’est en particulier le cas pour les articles sur la tuberculose, notamment neuroméningée [1]. Un certain nombre ont sans doute été surpris de l’absence d’impact de la corticothérapie adjuvante dans les méningites tuberculeuses chez les patients infectés par le VIH. Ce résultat brut amène cependant plusieurs commentaires. Tout d’abord, dans l’essai princeps publié en 2004 dans la même revue, l’effet bénéfique de la corticothérapie est modeste et semble surtout, lors des analyses en sous-groupes, lié aux patients ayant une forme peu sévère ou modérée en termes de gravité (grade 1 ou 2). Dans cette 1re étude, le nombre de patients infectés par le VIH (n = 98) était trop faible pour espérer mettre en évidence un bénéfice [2]. Dans l’étude publiée en 2023 portant sur 520 patients, on est gêné par le fait que le calcul d’effectif ait été basé sur un effet bénéfique de la dexaméthasone avec un HR à 0,69 et une mortalité à 40 %. L’effet observé avec un HR à 0,85 est-il lié à un manque de puissance, en particulier avec un nombre de patients présentant une forme peu sévère de la maladie ?
138 patients ont reçu une corticothérapie en ouvert, certes avec une incidence comparable, mais aucun détail sur leur profil n’était donné. Le critère principal est la mortalité à 1 an, mais la cause du décès n’est donnée pour aucun des patients VIH immunodéprimés, susceptibles de décéder de bien d’autres causes…
Bref, ces données sont difficiles à extrapoler, car il existe une meilleure prise en charge des tuberculoses neuroméningées en dehors des zones d’endémie, en particulier la possibilité de dérivation du LCS pour hydrocéphalie. Globalement, il semble que l’effet des corticoïdes soit modeste, mais il est difficile de conclure formellement à l’absence de tout bénéfice…
L’année 2023 a aussi été marquée par le développement ou la mise à disposition de nouveaux vaccins ; celui contre le zona, destiné aux patients immunodéprimés, est utilisé depuis de nombreuses années en Amérique du Nord. Les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) sont attendues pour mieux définir le cadre de son utilisation, mais il faut bien avoir à l’esprit les conséquences d’un zona chez les sujets âgés ou immunodéprimés, ainsi que le risque d’AVC après un zona de la face, ou le risque d’IDM après un zona thoracique. Dans le même ordre d’idées, une étude montre qu’il existe une association significative entre le risque d’IDM et une infection invasive à pneumocoque [3]. Cette bactérie s’ajoute donc au VZV, au virus de la grippe et à d’autres agents pathogènes pour la majorité desquels on dispose aujourd’hui d’un vaccin efficace mais malheureusement trop peu utilisé… En dehors de la tuberculose, beaucoup d’articles sur de nombreux domaines des maladies infectieuses sont commentés dans ce numéro.
Bonne lecture !