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Éditorial

Les arbos, une sacrée famille !


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La grande famille des arboviroses, telle une diaspora humaine, a migré au cours de l’histoire pour coloniser la plupart des régions du globe. Ainsi, la branche d’Amérique fait beaucoup parler d’elle ces dernières années. Certains de ses plus fameux membres sont arrivés il y a bien longtemps, profitant de certaines horreurs de l’histoire humaine, tel le commerce triangulaire qui a permis aux tatas fièvre jaune et dengue de s’implanter dans le monde néotropical. Plus récemment, des petits cousins issus d’Afrique ont procédé à un regroupement familial et sont venus à leur tour s’implanter dans le Nouveau Monde, tel Zika ou le cousin chikungunya, au milieu des années 2010. Enfin, d’autres tontons d’Amérique, comme Oropouche ou Mayaro, se tirent la bourre pour savoir lequel sera responsable de la prochaine émergence ou mieux, de la prochaine pandémie. C’est tonton Oropouche qui l’emporte en 2024 et met l’OMS en émoi. La branche d’Afrique fait moins parler d’elle, laissant la place à d’autres tribus, notamment celle des fièvres hémorragiques virales, dont d’éminents représentants, Ebola, Marburg ou Lassa occupent la une des journaux, sans parler d’un autre célèbre concurrent, mpox. Pourtant, nombre d’arbos aujourd’hui célèbres ont pris leur source en Afrique de l’Est. Ainsi, tata fièvre jaune, cousins Zika, chikungunya, seraient probablement nés là-bas, avant de partir chacun leur tour à la découverte du monde. Moins connu des réseaux, mais célèbre parmi les troupeaux des régions de la Corne de l’Afrique, mister vallée du Rift aurait vu le jour dans la même région. Les faux jumeaux West Nile et Usutu, dont l’Europe entend chaque année un peu plus parler, y sont également nés. En Asie, tata dengue et cousin chik sont implantés depuis longtemps, semant maladie et malheur depuis un demi-siècle. À côté de ces célébrités, on peut citer tata encéphalite japonaise (suffisamment problématique pour avoir provoqué la création d’un vaccin), tata forêt de Kyasanur ou oncle SFTS, également appelé tonton Dabie. Dans la vieille Europe, c’est la guerre des générations : certains membres de la famille, comme la vieille tante slave encéphalite à tiques, ou la cousine méditerranéenne Toscana, peinent à rester sous le feu des projecteurs, étant progressivement éclipsées par des virus plus récents, comme les jumeaux West Nile et Usutu, mais aussi le cousin Crimée-Congo. Si cousin Usutu est pour l’instant plutôt discret, son jumeau West Nile, après avoir envahi l’Est des États-Unis grâce à son fidèle allié le moustique Culex pipiens, multiplie depuis peu ses frappes en Europe. Sieur Crimée-Congo, quant à lui, envoie ses légions de tiques Hyalomma marginatum envahir de nouvelles contrées, provoquant des cas humains sur la péninsule ibérique, et se faisant repérer dans les Pyrénées-Orientales et en Corse. Pour finir ce long tableau, tata dengue, et dans une moindre mesure les cousins chik et zik, tentent depuis le début des années 2010 le grand remplacement en Europe, aidés par le réchauffement climatique. Ainsi, à la faveur de la progression vers le nord du moustique tigre originaire du continent asiatique, Aedes albopictus, ils s’implantent progressivement sur le sol français. En sus des centaines de cas importés des zones de villégiature classiques de tata dengue (Antilles, Asie du Sud Est, Amérique latine), des dizaines de cas estivaux dits autochtones sont rapportés depuis 2022, principalement dans le sud de la France, mais aussi en région parisienne, ce qui a fait trembler les autorités à l’arrivée des JO de Paris, avec 1 cas de dengue en 2023 et 1 cas de chikungunya en 2024.

De maladies tropicales plus ou moins négligées, les arboviroses se transforment petit à petit en infections estivales européennes. La vigilance est donc de rigueur pour les années à venir... Bonne lecture !


Liens d'intérêt

L. Epelboin déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet éditorial.

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