Éditorial

ECCMID 2023, la folie des grandeurs


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Anciennement considéré comme le 2e plus grand congrès international de microbiologie et de maladies infectieuses après l’ex-ICAAC que certains d’entre nous ont connu, l’ECCMID est désormais bien ancré comme LE congrès incontournable de notre spécialité. Sous le regard de la petite… euh pardon… de la toute petite sirène (une pensée pour ceux qui ont longuement marché pour la contempler…), Copenhague accueillait cette année la 33e édition.

Dans cette ville où le vélo est roi – et je ne pense pas seulement à son ambassadeur actuel, récent vainqueur du Tour de France, Jonas Vingegaard, mais aussi aux 650 000 vélos qui y circulent, soit autant que le nombre d’habitants et plus de 5 fois le nombre de véhicules qui y sont immatriculés –, il fallait être en forme pour suivre le rythme effréné des sessions qui s’enchaînaient du matin au soir durant 3 jours et demi dans un palais des congrès aux dimensions XXL. Accrochez-vous, les chiffres officiels donnent le tournis : 16 000 participants (avec certes probablement un pourcentage non négligeable de personnes connectées, mais tout de même), 246 exposants répartis dans 3 halls différents (je n’ai découvert le 3e hall que le 2e jour…), 276 sessions, 54 symposiums, 715 orateurs et modérateurs, plus de 6 300 résumés soumis dont 70 % acceptés, avec plus de 3 500 posters (sic !) et près de 1 000 communications orales (ça c’est pour motiver les plus jeunes, n’hésitez pas à soumettre vos travaux !). Au total, près de 474 heures de présentations scientifiques… À visionner bien sûr en boucle durant ses vacances !

Vous l’aurez compris, un congrès comme l’ECCMID, ça se prépare, et vous avez intérêt à bien regarder le programme en amont avant de vous jeter dans le grand bain. Les sessions auxquelles j’ai pu assister étaient de très grande qualité et riches en nouveautés. Impossible bien évidemment de vous faire un retour exhaustif, mais dans le domaine de la microbiologie, l’heure était clairement à l’innovation diagnostique, preuve en est d’ailleurs la présence de dizaines (centaines ?) d’exposants, de sessions, de posters consacrés à ce domaine. Les industriels et académiques se sont clairement engouffrés dans cette brèche avec, bien entendu, la garantie pour chacun du diagnostic le plus rapide, le plus sensible, le plus spécifique, bref, le meilleur… mais pas forcément le moins cher, et dont l’implantation dans les laboratoires est un défi au moins aussi grand que leur coût. Entre les PCR multiplex, les approches métagénomiques, les approches basées sur le “single cell” et toutes les autres technologies innovantes centrées sur l’antibiogramme rapide, la concurrence est rude et il est fort probable, comme dirait Denis Brogniart, qu’à la fin, il n’en reste qu’un ou, en tout cas, un petit nombre. Quoi qu’il en soit, il y a fort à parier que ces innovations continueront à remplir les stands et sessions des futurs congrès pour au moins quelques années. En cette ère post-Covid ou en tout cas post-crise du Covid, l’heure était aussi à l’optimisme du côté des innovations thérapeutiques : le pipeline des nouveaux antibiotiques, notamment pour ce qui concerne les bacilles à Gram négatif, est de nouveau ouvert, les anticorps monoclonaux semblent trouver une place de plus en plus grande, les approches de phagothérapie sont prometteuses, et nul doute que d’autres thérapies innovantes sont dans les cartons et pointeront leur nez prochainement dans de futurs essais cliniques. Bref, que ce soit du côté du diagnostic ou de la thérapeutique, l’heure est clairement à l’optimisme ; la microbiologie et les maladies infectieuses ont encore de belles pages devant elles.

2024, future année olympique à Paris mais direction Barcelone pour l’ECCMID, faites chauffer vos claviers, préparez votre voyage, et viva España !


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O. Barraud déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.

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