Le panel des infections à mycobactéries est extrêmement large : d’une part, les bactéries responsables de la tuberculose appartenant au complexe Mycobacterium tuberculosis, et d’autre part les mycobactéries non tuberculeuses (MNT), ou mycobactéries atypiques. Ces dernières représentent une entité complexe, car pouvant atteindre plusieurs organes, sans tableau clinique très spécifique permettant d’évoquer une MNT plutôt qu’une autre. Dans un esprit didactique, nous avons donc choisi dans ce numéro de décliner plusieurs axes.
Tout d’abord, le versant microbiologique abordé par Olivia Peuchant, sur la classification des mycobactéries et sur les outils diagnostiques anciens et récents permettant de les identifier.
En ce qui concerne les infections à MNT respiratoires, l’une des difficultés majeures est de distinguer les réelles infections des simples colonisations, et une fois le diagnostic posé, de savoir quelle prise en charge thérapeutique proposer, car en raison de sa tolérance médiocre, de sa complexité et de sa longueur, cette dernière doit être discutée au cas par cas. Les facteurs de risque, les principaux tableaux cliniques et la prise en charge thérapeutique sont détaillés par Claire Andréjak dans l’article consacré à ces infections.
Le tropisme cutané des MNT est important. Deux d’entre elles, M. marinum et M. ulcerans, ont une présentation assez typique et doivent être évoquées, respectivement, devant des lésions sporotrichoïdes des membres après des microtraumatismes en milieu aquatique, et devant un ulcère à bordure décollée au retour d’un pays d’endémie. Comme nous le montre Alexis Guyot, les autres tableaux moins spécifiques sont souvent en rapport avec des gestes médicaux à visée esthétique ou médicale.
Concernant la tuberculose, 2 aspects spécifiques sont abordés dans ce numéro. D’une part, la place et le traitement de l’infection tuberculeuse latente (ITL) dans un pays de faible endémie tuberculeuse comme la France, ainsi que le détaille Vincent Le Moing dans son article, et d’autre part, les perspectives de traitement raccourci dans la prise en charge de la tuberculose sensible, comme nous le montre Nicolas Veziris. Il est d’ailleurs probable que, dans les années futures, en parallèle des progrès très significatifs réalisés dans le domaine du traitement des tuberculoses MDR et XDR (meilleure efficacité du traitement et durée raccourcie), l’espoir d’un traitement plus court dans les tuberculoses puisse devenir une réalité. Cela se fera soit en utilisant de nouvelles molécules, soit en adaptant la durée de traitement en fonction de l’importance de la tuberculose.
Le domaine des mycobactéries reste vaste et complexe, mais des progrès dans les domaines microbiologiques et thérapeutiques permettent d’envisager un diagnostic plus rapide, un traitement plus efficace et mieux toléré avec une plus courte durée, ouvrant la voie à une optimisation de la prise en charge.
Nous vous souhaitons une bonne lecture !