Le papillomavirus humain (HPV) est un virus à ADN très courant. Il existe plus de 100 sérotypes avec un tropisme pour l'épithélium malpighien. L'infection est contractée par la majorité de la population lors des premiers rapports sexuels. Elle est souvent asymptomatique, avec un taux de guérison de 90 % à 3 ans. Dans 10 % des cas l'infection persiste et peut être responsable, plusieurs années après, d'une pathologie bénigne (sérotype 6-11) ou maligne (sérotype 16-18) [1].
En 1989, Brandsma et Abramson (2) ont démontré la présence de l'HPV16 dans le carcinome épidermoïde de l'oropharynx. Des études estiment que, dans le monde, environ 45 000 nouveaux cas annuels de cancer des voies aérodigestives supérieures (VADS) peuvent être attribués à une infection à HPV. Souvent, le diagnostic est porté sur la découverte d'une volumineuse adénopathie kystique associée à une petite tumeur (T1 ou 2), amygdalienne dans la majorité des cas, chez les hommes de 50 à 60 ans, sans facteur de risque associé. Ces caractéristiques cliniques spécifiques ont été prises en compte dans l'édition 2017 du TNM. Puisqu'il s'agit de tumeurs radio- et chimiosensibles, le pronostic est meilleur dans les stades précoces et chez les non-fumeurs que celui des tumeurs HPV ; des essais cliniques sont en cours pour déterminer si les tumeurs HPV+ pourraient bénéficier d'un traitement moins intensif, tout aussi efficace et avec moins d'effets indésirables (3).
La vaccination reste actuellement le meilleur moyen de prévention primaire ; 60 pays ont un programme de vaccination contre l'HPV en 2018 selon l'Organisation mondiale de la santé.
En France, la couverture vaccinale des jeunes filles contre les HPV n'est que de 26,2 %. Cette situation est atypique par rapport à la majorité des pays européens, qui affichent une couverture supérieure à 80 % (Royaume-Uni, Portugal, Suède, Norvège, Islande). Certains pays (Australie, États-Unis, Italie, Canada, Norvège, Argentine, etc.) ont recommandé l'extension de la vaccination aux garçons pour des raisons épidémiologiques, mais aussi éthiques.
En France, le vaccin est recommandé pour toutes les jeunes filles de 11 à 14 ans. Dans le cadre du “rattrapage” vaccinal, la vaccination est recommandée pour les filles entre 15 et 19 ans (4).
Recommandations particulières :
- jusqu'à l'âge de 19 ans chez les enfants et adolescents transplantés (receveurs de greffes) ou vivant avec le VIH ;
- dès l'âge de 9 ans, chez les enfants candidats à une transplantation d'organe solide ;
- jusqu'à l'âge de 26 ans chez les hommes ayant ou ayant eu des relations sexuelles avec d'autres hommes.
Le schéma vaccinal est le suivant :
- Cervarix® (HPV 16-18) [111,52 € par injection].
Entre 11 et 13 ans : 2 doses espacées de 6 mois.
Entre 14 et 19 ans : 3 doses selon le schéma suivant : 1 dose, 1 dose à 2 mois, 1 dose à 6 mois.
- Gardasil® (HPV 16-18 + 6-11) [123,44 € par injection] et
- Gardasil® 9 (HPV 16-18-6-11 + 31, 33, 45, 52, 58) [AMM prévue pour l'automne 2018].
Entre 11 et 13 ans : 2 doses espacées de 6 mois.
Entre 14 et 19 ans (jusqu'à 26 ans chez les hommes) : 3 doses selon le schéma suivant : 1 dose, 1 dose à 2 mois, 1 dose à 6 mois.
Soixante-cinq pour cent du prix sont remboursés par l'Assurance maladie, le montant restant est généralement remboursé par les mutuelles ; les services de vaccination du secteur public effectuent cette vaccination gratuitement. En l'absence de données cliniques, les 3 vaccins n'ont pas d'indication à ce jour pour la prévention des lésions des cancers des voies aérodigestives supérieures.