En raison du Covid-19, le congrès international de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO®) et le congrès de l'European Society for Medical Oncology (ESMO) se sont tenus virtuellement cette année, et nous présentons ici les dernières avancées en cancérologie ORL. Immunothérapies, chimiothérapies, nouvelles molécules, radiothérapie, mais également techniques chirurgicales ont été largement discutées au cours de ces 2 congrès.
Lors de ces 2 manifestations, les médecins ont rappelé que les principaux symptômes du Covid-19 en cas de cancer sont, en général, les mêmes que dans la population générale, à savoir fièvre ou sensation de fièvre, fatigue anormale, difficultés à respirer (essoufflement) ou toux. En revanche, les défenses immunitaires des malades sont affaiblies par la maladie et certains traitements, en particulier la chimiothérapie. Dans ce contexte, certains symptômes peuvent être trompeurs, tels que confusion, somnolence et douleurs inhabituelles.
Les chercheurs ont estimé que les patients avec un cancer en cours de traitement avaient un risque de décès 1 à 2 fois plus élevé après un diagnostic de Covid-19 que les patients en rémission ou ceux sans cancer. Le risque était plus important en utilisant les chimiothérapies, avec une aplasie aiguë (surtout en hématologie), qu'en utilisant les immunothérapies. De plus, le retard du diagnostic de cancer amenant des patients à consulter à des stades avancés serait la principale cause de surmortalité par cancer. Ainsi, aux États-Unis, les chercheurs prévoient 40 000 décès supplémentaires liés à ce retard de diagnostic.
Plusieurs équipes françaises ont présenté des études très intéressantes. Le Pr Joël Guigay a rapporté les dernières données de l'essai TPEx, qui montrent une meilleure qualité de vie et une survie prolongée après immunothérapie par rapport au schéma standard EXTREME. Il y a eu plusieurs communications en chirurgie ; notamment, le Pr Renaud Garrel a présenté une étude multicentrique qui a montré l'intérêt du ganglion sentinelle versus un évidement cervical. Ce schéma thérapeutique va probablement devenir une norme de soins en pratique clinique chez les patients atteints d'un cancer de la cavité buccale ou de l'oropharynx classé N0.
Plusieurs études ont rapporté l'intérêt d'une chimiothérapie d'induction dans les cancers de la cavité buccale, dans les cancers du cavum ou dans les protocoles de désescalade thérapeutique chez les patients atteints d'un cancer de l'oropharynx HPV+.
L'immunothérapie a fait l'objet de nombreuses communications, et son intérêt a été souligné dans les mélanomes muqueux et les cancers cutanés évolués, mais également en cancérologie ORL en induction avant la chirurgie, et dans les cancers du cavum en récidive ou métastatiques, dans lesquels l'immunothérapie pourrait devenir le traitement de 1re ligne. Reste à découvrir les biomarqueurs permettant de sélectionner les patients répondeurs. Enfin, les dernières analyses de l'étude KEYNOTE‑048 renforcent la place du pembrolizumab en 1re ligne de traitement chez les patients atteints d'un cancer ORL en récidive ou métastatique.
Le platine administré comme traitement concomitant de la radiothérapie selon un fractionnement hebdomadaire versus toutes les 3 semaines (bras standard) a montré son intérêt après opération dans les cancers ORL à haut risque, et le groupe français GORTEC a rapporté l'intérêt de ce schéma thérapeutique dans le traitement par radiochimiothérapie des cancers localement avancés. Le fractionnement peut ainsi devenir une option importante, surtout chez les patients fragiles et âgés, qui sont les plus nombreux.
Enfin, pour la première fois, une étude présentée à l'ASCO® et une seconde à l'ESMO ont souligné l'intérêt de nouvelles molécules dans les carcinomes adénoïdes kystiques en récidive ou métastatiques.
Je vous souhaite une bonne lecture !