Éditorial

“Rosa”*, rosa, rosam


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Bien que cette jolie chanson* de Jacques Brel ait bercé mon jeune âge, je dois confesser que je ne suis pas un expert en grammaire, déclinaisons, ­désinences ou conjugaisons. Il m'est cependant apparu, ces derniers mois, qu'il existait un nouveau phénomène en oncologie, une sorte de “déclinaison” de “conjugués”, plus savamment dits, en langage médical, d'anticorps conjugués.

L'un des plus anciens, le trastuzumab emtansine, a ouvert la voie, dans les cancers du sein HER2, en rétablissant une action thérapeutique après échappement au trastuzumab seul.

L'anticorps conjugué de 2e génération, le trastuzumab déruxtécan, a bouleversé le traitement des cancers du sein définis comme HER2 faible dans l'étude DESTINY-Breast04, avec une survie globale de 23,4 mois des patientes dans le bras de l'anticorps conjugué contre 16,8 mois dans le bras contrôle recevant une chimiothérapie (HR = 0,64 ; p = 0,0010).

Un troisième “conjugué”, le patritumab déruxtécan, qui cible, lui, HER3, donne 30 % de réponses en 6e ligne de traitement.

Enfin, le sacituzumab govitécan ciblant la protéine TROP-2 semble représenter une nouvelle carte à abattre dans les cancers du sein.

Deux autres anticorps conjugués, le mirvétuximab soravtansine et le ­MORAb-202­, pourraient aussi être promis à un avenir intéressant, cette fois-ci dans les cancers de l'ovaire.

Dans les cancers du col de l'utérus, le tisotumab védotin, qui cible le facteur tissulaire, a démontré une efficacité motivant une autorisation accélérée de la Food and Drug Administration.

L'utilisation de ces anticorps conjugués ne se résume cependant pas à la sénologie ou à la gynécologie. C'est ainsi que l'enfortumab védotin, qui cible la nectine-4, s'impose avec un bénéfice en survie globale dans les cancers urothéliaux préalablement traités.

On le voit, ce raffinement du petit colis piégé enrichit manifestement l'armamentarium des cancérologues dans de nombreuses situations difficiles. Nul doute que les équipes de recherche pharmaceutique nous proposerons de nouveaux anticorps conjugués à l'avenir encore plus efficaces.

Encore mille mercis à Thibault de la Motte Rouge, Jean-Yves Pierga et Philippe Beuzeboc pour leur couverture efficace de ce thème à l'ASCO® et à l'ESMO 2022.


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J.F. Morère déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.

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