Ce vers, tiré de la fable “Le vieillard et ses enfants”, aurait pu être choisi comme devise de l'European Society of Medical Oncology.
C'est bien, aujourd'hui, l'union des chercheurs et des cliniciens européens qui rend cette réunion si puissante.
Ce sont plus de 20 000 participants et plus de 50 late-breaking abstracts pouvant changer à terme la pratique quotidienne.
C'est aussi à travers ce prisme de l'union et de la puissance qu'il nous faut aborder les informations scientifiques les plus marquantes de cette réunion.
Le nouveau paradigme de traitement qu'est l'immunothérapie constitue la source essentielle des avancées spectaculaires de ces dernières années. Son efficacité, bien que puissante, semble à ce jour cantonnée à une minorité de patients (entre 15 et 20 %). De nombreux travaux cherchent à déterminer les meilleurs biomarqueurs prédictifs d'activité. D'autres se tournent vers l'amélioration des résultats de cette immunothérapie.
Dans cette optique, l'information la plus importante est donc sans nul doute l'union de la radiothérapie et de l'immunothérapie.
L'essai de phase III PACIFIC a ainsi comparé une radiochimiothérapie suivie d'un traitement d'entretien par immunothérapie (par durvalumab, un nouvel agent ciblant PD-L1) à cette même chimiothérapie suivie de placebo. Le résultat, obtenu chez les 709 patients inclus dans cette étude, est impressionnant. La survie sans progression médiane atteint en ffet 16,8 mois dans le bras immunothérapie, contre seulement 5,6 mois dans le bras contrôle. Ce beau résultat est obtenu sans augmentation de la toxicité. La radiothérapie aurait donc des effets pro-immunogéniques.
Nombre d'investigateurs s'emploient donc actuellement à optimiser cette synergie, voire à rechercher un effet abscopal en combinant une radiothérapie localisée à haute dose et des inhibiteurs des checkpoints de l'immunité. Ce phénomène était jusqu'alors recherché dans des modèles précliniques. Lors de cette réunion, 2 essais cliniques de phase II ont été présentés dans des tumeurs triple-négatives du sein, avec des résultats intéressants (taux de réponse objective de 22 %) [Kok M et al., abstr. LBA14].
Ce concept d'union n'est pas réservé à la radiothérapie et peut aussi se concrétiser avec la chimiothérapie classique.
L'étude KEYNOTE-059 démontre ainsi une efficacité prometteuse de l'association pembrolizumab + chimiothérapie classique. Le taux de réponse atteignait ainsi, dans les cancers de l'estomac, 73 % pour les tumeurs exprimant PD-L1.
On le voit, ces nouvelles données nous permettent d'espérer des changements dans notre pratique dans un avenir proche.
Nous attendons déjà avec impatience l'ESMO 2018 !
* Jean de La Fontaine.