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Éditorial

Les cancers de l'utérus enfin dans l'ère de la médecine de précision


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Les cancers de l'utérus se composent de deux pathologies très différentes : les cancers du col de l'utérus, qui sont une pathologie liée aux papillomavirus humains oncogènes (HPV) sexuellement transmissibles, et les cancers de ­l'endomètre, muqueuse interne de l'utérus, souvent liés à une hyperestrogénie chez des patientes présentant une obésité, du diabète et de l'hypertension artérielle.

Très peu d'évolution dans la prise en charge de ces pathologies avait été observée jusqu'à récemment. Les progrès de la biologie moléculaire ont permis de mieux comprendre les mécanismes d'oncogenèse. Grâce aux analyses génomiques menées par le consortium TCGA il y a une dizaine d'années, un démembrement des cancers de l'endomètre en plusieurs sous-types permet d'envisager des traitements adaptés au pronostic et à la biologie de chaque entité pour les cancers localisés et avancés. Pour les cancers du col de l'utérus, la mise au point de stratégies de santé publique comportant à la fois une vaccination anti-HPV à large échelle (filles et garçons entre 11 et 13 ans) et un dépistage organisé reposant sur des tests HPV pourrait permettre de faire disparaître la maladie selon certaines projections épidémiologiques.

D'un point de vue thérapeutique, des progrès notables dans les traitements médicaux sont notés à la phase avancée de la maladie. Après des décennies de chimiothérapie par paclitaxel et carboplatine pour toutes les patientes, l'immunothérapie vient bouleverser le paysage. Ainsi, plusieurs études de phase III démontrent son bénéfice en survie globale dans les cancers du col de l'utérus et de l'endomètre. Pour certaines patientes, il est probable que l'immunothérapie sera au moins aussi, voire plus profitable que la chimiothérapie, laissant entrevoir des traitements à la fois moins toxiques et plus efficaces. Par ailleurs, des facteurs prédisant son efficacité ont été démontrés, comme la positivité de PD-L1 dans les cancers du col, et un défaut de réparation des mésappariements (dMMR) ou des mutations de POLE dans les cancers de l'endomètre. Un accès précoce à l'association lenvatinib et pembrolizumab dans les cancers de l'endomètre avancés prétraités par chimiothérapie vient d'être accordé par l'ANSM. Espérons que pour les cancers du col, il en soit de même dans un délai rapide. Souhaitons que les progrès notés à la phase avancée vont également pouvoir s'observer à la phase précoce. Les résultats annoncés comme négatifs de l'étude de phase III CALLA évaluant la place du durvalumab en association avec la radiochimiothérapie viennent nous rappeler qu'il reste encore beaucoup à comprendre. Cela étant, d'autres pistes thérapeutiques prometteuses sont actuellement explorées dans des essais cliniques, incitant à l'optimisme.

Dans ce numéro spécial, nous remercions nos experts de nous faire découvrir :

  • les progrès de la classification moléculaire dans les cancers de l'endomètre (Pr Pierre-Alexandre Just) ;
  • l'intérêt de combiner immunothérapie et radiothérapie dans les cancers du col (Pr Cyrus Chargari) ;
  • les progrès médicaux actuels dans les cancers du col (Drs Camille Moreau-Bachelard et Jean-Sébastien Frénel) et dans les cancers de l'endomètre (Dr Coraline Dubot et Pr Florence Joly).

Bonne lecture à tous !


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