Le contexte sanitaire actuel nous a déjà fait oublier les temps pourtant si proches où tout fonctionnait “normalement”, où nous pouvions nous retrouver avec plaisir pour échanger et travailler sans crainte dans une atmosphère conviviale. Cela était, encore, le cas lors des 31es Journées francophones de cancérologie digestive qui se sont tenues à Paris, au Cercle national des armées fin janvier 2020.
Je ne rappellerai pas ici le programme, toujours aussi riche et apprécié, des interventions autour des innovations en oncologie digestive mais aussi de sujets plus généraux concernant nos activités.
Il a notamment été question, lors d'une table ronde, de la structuration de la recherche clinique en oncologie dans les centres non universitaires pour permettre à la recherche clinique de vous accompagner dans votre quotidien, pour vous proposer un accès aux meilleurs traitements, vous permettre de relever les nouveaux défis qui se présentent en mettant en place des essais thérapeutiques à la méthodologie irréprochable, et aussi et surtout d'être heureux de faire de la recherche en appartenant à une communauté de professionnels qui nous ressemble.
Nous avons eu également une conférence du Pr Cyrille Delpierre sur les inégalités sociales de santé en cancérologie.
Ce dernier point retentit aujourd'hui d'une manière très particulière à l'heure de la pandémie de Covid-19 (SARS-CoV-2).
Comment ne pas imaginer que les populations les plus vulnérables ne soient pas particulièrement exposées compte tenu de la contagiosité majeure de ce virus et de sa gravité maintenant bien décrite lorsqu'elle survient sur un terrain d'immunosuppression comme le cancer. Déjà des études ont débuté pour évaluer le sur-risque de contamination et pour identifier les facteurs influençant le niveau de gravité chez ces patients. La FFCD a réagi avec les groupes coopérateurs en oncologie (ANOCEF-IGCNO, ARCAGY-GINECO, GERCOR, GORTEC, IFCT) pour lancer une étude de cohorte ambispective nationale ambitieuse (GCO-002 CACOVID-19, coordonnée par le Pr Astrid Lièvre et promue par la FFCD) dont l'objectif principal est d'analyser le nombre de cas, dont ceux de formes graves avec SDRA et passage en réanimation, et le taux de mortalité directement lié à l'infection à SARS-CoV-2 chez les patients suivis pour un des cancers suivants : digestif, thoracique, ORL, gynécologique, cérébral. Une attention particulière sera portée sur l'impact sociétal de la gravité de l'infection avec la récolte de données telles que l'adresse du patient et son métier le plus fréquent.
Ce projet proposé au bureau de la FFCD le 15 mars 2020 et ouvert à tous le 3 avril 2020 est l'exemple parfait de l'engagement sans faille des GCO dans leur lutte contre le cancer. C'est aussi l'illustration qu'un tel déploiement n'est possible que grâce aux structures opérationnelles fortes de chacune des structures toutes au service de la recherche académique. Cette cohorte aura la participation du plus grand nombre, chacun face à cette responsabilité qu'est comprendre, analyser et partager pour protéger au mieux nos patients atteints de cancer. Nous vous encourageons donc à inclure tous vos patients infectés par Covid-19. Cette étude ambispective nous aidera sans aucun doute à toujours mieux structurer notre offre de soins et à préparer l'après de la vague épidémique.
Une nouvelle fois, nous tenons à saluer la confiance que vous nous accordez et à vous remercier pour votre fidélité. Nous vous donnons rendez-vous pour la prochaine édition des JFCD en janvier 2021 pour des journées qui seront sous l'égide de la francophonie, où tous nos partenaires francophones se joindront à nous pour des échanges sans aucun doute passionnants et empreints d'une convivialité toute FFCDienne !