Ce numéro de La Lettre du Cancérologue est dédié à la question de la grossesse et du cancer dans des temporalités différentes : la préservation de la fertilité lors d’un diagnostic de cancer, la prise en charge d’une femme enceinte atteinte d’un cancer, et enfin la possibilité de grossesse après un cancer du sein.
La discussion de la préservation de la fertilité est une nécessité chez nos patients, et ce sujet a fait l’objet de recommandations détaillées par l’INCa en 2021 [1]. La collaboration entre oncologues et spécialistes de la médecine de la reproduction est indispensable pour permettre un accès facilité de la prise en charge à l’échelle nationale.
Un cancer diagnostiqué pendant la grossesse est un événement rare, mais marquant tant pour la femme que pour l’équipe soignante. À l’heure actuelle, les données épidémiologiques s’accordent sur 1 cas pour 1 000 grossesses, mais des données françaises exhaustives sur cette incidence seraient indispensables. Le réseau français CALG (Cancer associé à la grossesse) a pour vocation d’aider à l’optimisation de la prise en charge des patientes chez lesquelles un cancer est découvert lors de la grossesse : d’une part, par l’avis d’une réunion de concertation pluridisciplinaire nationale et, d’autre part, par la déclaration des cas auprès de ce réseau qui permettra aux oncologues d’enrichir leurs connaissances sur ces situations complexes. Si la prise en charge optimale de la femme est notre fil conducteur, les conséquences sur le fœtus et l’enfant à naître sont également des enjeux majeurs, avec la nécessité d’évaluer le rapport bénéfice-risque dans ce contexte.
La connaissance de la pharmacologie des divers traitements, du passage des substances thérapeutiques à travers le placenta, et de leurs conséquences sur le fœtus sont indispensables. Le CRAT (Centre de référence sur les agents tératogènes) permet aux oncologues d’accéder à de nombreuses données concernant les risques d’une exposition (médicament, imagerie, dépendance, etc.) en cours de grossesse et d’allaitement.
La prise en charge du cancer du sein pendant la grossesse (cancer qui y est le plus fréquemment associé) a fait l’objet de recommandations internationales récentes qui permettent de débattre de questions encore controversées [2]. Ce parcours nécessite une multidisciplinarité, des équipes habituées à ces situations et à travailler de manière conjointe : oncologues, gynécologues obstétriciens, pédiatres, etc.
Enfin, la question de la possibilité de grossesse après un cancer est majeure chez nos jeunes patientes. Elle fait appel à différents niveaux de réflexion comme l’impact potentiel de la grossesse sur le pronostic du cancer, mais également sur les possibilités de grossesse après les différents traitements reçus et les conséquences éventuelles de ces derniers sur la fertilité.
Nous vous souhaitons une bonne lecture !