Lors du congrès de l’European Society for Medical Oncology (ESMO) 2024, nous avons pu constater la maturité des études intégrant les stratégies d’immunothérapie, avec non seulement de nouvelles molécules ciblant des points de contrôle du système immunitaire, mais surtout leur intégration dans toutes les situations cliniques de prise en charge : patients atteints d’une maladie métastatique ou localisée, en position de traitement d’induction, de maintenance ou périopératoire, association à la radiothérapie, à la chimiothérapie, aux anticorps conjugués à la chimiothérapie, ou à des traitements ablatifs.
La plupart des localisations tumorales sont concernées, avec la capacité de ces stratégies multimodales et d’associations à montrer une efficacité antitumorale en réactivant les réponses immunitaires antitumorales, quel que soit le type histologique, avec une valeur prédictive de biomarqueurs plus ou moins pertinente.
Individualiser les décisions thérapeutiques dans un concept d’immunothérapie personnalisée ou de précision demeure un enjeu, car les données des essais ne permettent pas toujours de déterminer des groupes de patients pour lesquels l’efficacité ou la tolérance seraient différentes au point de conduire à des stratégies ou des séquences de traitement différenciées. La génération de données à partir du traitement en vie réelle de nos patients reste complexe, avec des approches soit de très haute définition, de type séquençage en cellule unique ou transcriptomique spatiale, non applicables à ce jour en routine, soit plus simples, mais souvent peu informatives en termes de décision clinique. De même, si les mécanismes de la résistance aux inhibiteurs de points de contrôle commencent à être élucidés, leur identification ne conduit pas, en l’absence de traitement,
à une stratégie personnalisée en fonction de ces mécanismes.
En fin de compte, nous sommes face au retour annoncé des stratégies de vaccination thérapeutique contre les cancers. Les développements actuels portent sur les vaccinations individualisées par l’utilisation de cibles de mutations ponctuelles passagères, sources d’antigènes multiples et spécifiques de tumeurs. Associées à de nouvelles méthodes d’immunisation par ARN ou vecteurs viraux, ces vaccinations ont produit des résultats prometteurs dans plusieurs essais cliniques, surtout en situation adjuvante avec une faible masse tumorale. Cela correspond peut-être à la prochaine vague de l’immunothérapie, avec de nouvelles questions de combinaisons thérapeutiques, et d’indications à privilégier !