Non, il ne faut pas y croire.
La nutrition n'est pas du domaine de la croyance. Ce n'est pas non plus opinion contre opinion, mais réalités (et doutes) contre opinions. La science partage tout cela avec la foi (même si l'une et l'autre n'ont pas le même objet, respectivement, le comment et le pourquoi), le doute en fait partie !
En effet, nos certitudes sont souvent ébranlées par l'avancée des connaissances, ce qui nous conduit à remettre en question des données considérées comme acquises ; cela doit nous inciter à la prudence et à la modestie dans nos préceptes et recommandations. Pour autant, sommes-nous convaincus que changer ses habitudes alimentaires soit important et efficace pour la santé ?
Si oui, nous serons convaincants !
Que pouvons-nous affirmer ?
Le régime méditerranéen, le vrai, a fait ses preuves en prévention primaire et secondaire (étude Predimed) [1] ; et il est un modèle d'alimentation variée laissant une large place aux fruits, légumes, légumineuses, céréales complètes, oléagineux, huile d'olive et/ou de noix, épices, noix, mais il n'omet ni produits laitiers fermentés, ni poisson, ni petites quantités d'autres produits animaux, viande, œufs…
Que peut-on encore affirmer ?
L'effet bénéfique des oméga 3 à longue chaîne sur la stabilité de la plaque carotidienne (2) ; l'intérêt d'un index glycémique bas et l'utilité des produits laitiers (gras !) dans la prévention du diabète de type 2 (3). A contrario, la responsabilité des acides gras saturés dans la santé cardiovasculaire n'est pas confirmée (4), tandis que l'inconvénient des acides gras trans issus de l'hydrogénation partielle des huiles (et non de leur simple chauffage) est bien établi. L'obésité accroît les facteurs de risque cardiovasculaires et le risque cardiovasculaire chez le sujet jeune, mais, quand elle est installée chez un coronarien âgé, elle n'accroît pas la morbi-mortalité totale, au contraire : la prévention l'emporte donc. Le sel est l'ennemi des artères, mais, chez le patient vasculaire, il faut manier sa réduction avec prudence, sauf s'il est insuffisant cardiaque. Enfin, chez les patients encore sous antivitamine K, ce n'est pas la suppression des aliments riches en vitamine K qu'il faut prôner, mais leur consommation régulière, sans à-coups, quasi quotidienne.
Voilà les aphorismes de la nutrition moderne appliquée à la cardiologie : autant de concepts nouveaux pour le praticien.
Mais la nutrition est aussi l'alliée des thérapeutiques médicamenteuses et chirurgicales, l'une n'empêchant pas l'autre, au contraire. Le “tout sauf M” (M comme médicament) est une hérésie passéiste ou bobo. En effet, aujourd'hui, les patients sont tellement “médiqués” que la nutrition peine à faire ses preuves.
Mais en a-t-elle encore besoin ? Elle parle d'elle-même.