La recherche clinique dans le domaine de l’insuffisance cardiaque a été particulièrement active au cours des dernières années, conduisant à une révision des schémas physiopathologiques et thérapeutiques de cette pathologie qui demeure la 1re cause d’hospitalisation après 65 ans. La pharmacologie s’est récemment enrichie des inhibiteurs du cotransporteur sodium-glucose (iSGLT2), du vericiguat (non commercialisé en France) et, depuis peu, d’un antagoniste non stéroïdien des récepteurs minéralocorticoïdes, la finérénone. Dans le domaine des dispositifs implantables, la recherche est tout aussi fertile, tant dans le domaine des outils connectés destinés à évaluer les symptômes congestifs, que dans celui des outils thérapeutiques destinés en particulier à abaisser les pressions des cavités gauches dans l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection préservée. Il nous a donc paru nécessaire de réaliser un numéro thématique synthétisant les principaux progrès accomplis au cours des dernières années.
Emmanuelle Berthelot s’interroge sur l’intérêt de poursuivre la mesure de la fraction d’éjection qui a permis pendant des décennies de différencier 2 grandes variétés d’insuffisance cardiaque, celle à fraction d’éjection réduite et celle à fraction d’éjection préservée, alors que la tendance est à une homogénéisation du traitement pharmacologique de ces 2 sous-variétés.
Pascal de Groote fait l’inventaire des outils connectés invasifs et non invasifs destinés à évaluer les symptômes congestifs, et évalue leur intérêt pour réduire les événements cliniques, notamment les réhospitalisations pour insuffisance cardiaque.
Michel Galinier s’intéresse à la question très importante de savoir quand et comment optimiser le traitement de l’insuffisance cardiaque chronique à l’ère des “4 fantastiques” : bêtabloquants, inhibiteurs du système rénine-angiotensine (ISRA), antagonistes des récepteurs minéralocorticoïdes et inhibiteurs du cotransporteur sodium-glucose.
Damien Logeart essaie de répondre à la question de savoir s’il convient de revasculariser une dysfonction ventriculaire gauche d’origine ischémique, et arrive à la conclusion qu’il demeure bien des incertitudes compte tenu du caractère discordant des études, utilisant soit la chirurgie, soit l’angioplastie coronaire.
Alexandre Mebazaa s’intéresse aux nouveautés dans la prise en charge de l’insuffisance cardiaque aiguë, domaine qui a longtemps fait peu de progrès. Avec l’étude STRONG-HF, il démontre qu’une titration rapide à la sortie d’hospitalisation des médicaments recommandés dans l’insuffisance cardiaque peut se faire avec une bonne sécurité d’emploi sous réserve d’une surveillance rapprochée, et qu’elle a un effet bénéfique sur la morbimortalité de cette pathologie.
Enfin, un article revoit les données disponibles sur l’utilisation d’un shunt interatrial pour réduire les pressions gauches dans l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection préservée.
C’est donc un ensemble de nouvelles données qui est résumé dans ce numéro thématique par des experts réputés, afin de partager avec nos lecteurs les grands progrès accomplis dans la prise en charge de l’insuffisance cardiaque.
Nous remercions vivement les auteurs principaux et leurs collaborateurs pour avoir fourni des textes de qualité didactique et illustrés, et nous espérons que ce document de synthèse aidera nos lecteurs pour la prise en charge quotidienne de cette pathologie grave et fréquente.