Éditorial

Activités physiques et sportives et système cardiovasculaire : bienfaits, risques et limites


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L’année 2024 est doublement historique dans le domaine des activités physiques et sportives. Bien sûr, et vous le savez tous, Paris va accueillir cet été les Jeux de la XXXIIIe olympiadesuivis des XVIIes Jeux paralympiques. Mais ce n’est pas tout : à la demande de l’association “Pour une France en Forme” créée en 2019 par le Pr Gérard Saillant et qui réunit des experts indépendants issus du monde du sport, de la santé et des médias, la France a fait de la promotion de l’activité physique et sportive la Grande Cause nationale pour 2024. C’est la 1re fois depuis sa création en 1977 que les thématiques de l’activité physique et du sport apparaissent dans le titre de la Grande Cause nationale.

Je remercie donc très sincèrement le comité de rédaction de La Lettre du Cardiologue qui m’a honoré en me confiant la tâche de réfléchir sur le contenu de ce dossier spécial “Cœur et sport”.

Vous le savez, notre société est face à un tsunami de sédentarité et d’inactivité physique, 2 facteurs de risque sanitaire indépendants très sous-estimés. En effet, ils ne sont pas considérés par les sociétés savantes de cardiologie comme majeurs, bien qu’ils soient tous les 2 les plus impliqués dans le niveau de condition physique cardiorespiratoire, qui est le meilleur marqueur pronostique, indépendant de l’âge, du sexe, de l’état de santé et de l’espérance de vie en bonne santé. Cette condition physique devrait être reconnue comme le principal signe vital clinique, et ne peut être améliorée directement que par la pratique d’une activité physique (AP) régulière [1]. Comme nous n’oublions jamais de demander à nos patients “Est-ce que vous fumez ?”, nous devrions tous bousculer nos habitudes et aussi leur poser la question : “Est-ce que vous bougez ?”

La 1re partie de ce dossier concerne l’impressionnante efficacité de l’AP régulière et d’intensité au moins modérée à tous les stades de prévention. En prévention primaire bien sûr, mais aussi en prévention secondaire. Pourtant, la prescription de cette thérapeutique non médicamenteuse validée depuis 2011 par la Haute Autorité de santé est très sous-utilisée, alors que sa non-prescription en cas de maladie chronique stable est considérée comme une perte de chance vu le niveau de recommandation attribué par toutes les sociétés savantes [2]. Les mécanismes d’action de l’AP ne se résument plus au seul effet brûleur de calories du muscle squelettique qui se contracte. Vous allez découvrir le monde extraordinaire des exerkines, qui nous permet de comprendre que tout malade chronique bénéficie d’une pratique de l’AP adaptée et encadrée individuellement selon ses capacités et ses limites en termes de qualité de vie, de morbidité et souvent de mortalité.

Les 2 articles de la 2e partie de ce dossier s’intéressent à la pratique sportive en cas de pathologie cardiovasculaire. Sport n’est pas synonyme d’AP : en effet, le sport n’est que l’une des nombreuses activités physiques que l’on peut réaliser. Ainsi, tout patient porteur d’une pathologie cardiovasculaire bien équilibrée et qui le souhaite peut pratiquer une activité sportive modérée. Malgré tous ces bénéfices, les accidents cardiovasculaires associés à la pratique sportive ne doivent pas être occultés. Ils sont très rares (une étude prospective française rapporte une incidence annuelle, concernant infarctus du myocarde, troubles du rythme et mort subite, de 6,5/100 000 pratiquants [3]) mais ils peuvent être dramatiques et révèlent le plus souvent une pathologie méconnue. C’est pourquoi l’amélioration de leur prévention est nécessaire : ce sera la thématique du 1er article. Celle du 2e article concerne l’autorisation ou non de la pratique sportive, et laquelle, pour les porteurs d’une maladie cardiovasculaire. Les nouvelles recommandations européennes sont certes plus permissives que les précédentes, mais elles permettent d’en savoir plus sur les pathologies qui peuvent être aggravées par une pratique sportive intense. Les rares feux rouges indiscutables pour une pratique sportive intense, en loisir ou en compétition, doivent en effet être connus de tous les cardiologues.

La 3e partie du dossier vous propose un état des lieux des connaissances sur les limites du système cardiovasculaire dans le cadre d’une pratique sportive intense. Limites “intrinsèques” qui peuvent être liées à une mauvaise pratique sportive ou à une prédisposition individuelle faisant que cette pratique est inadaptée aux capacités cardiovasculaires du sportif ; limites “extrinsèques”, auxquelles le système cardiovasculaire peut être confronté en cas de conditions environnementales extrêmes.

Je tiens à remercier les auteurs qui ont accepté de rédiger ces articles et j’espère que vous prendrez du plaisir à les lire.

Je vous souhaite de profiter de ces Jeux olympiques et paralympiques qui vont rester, quoi qu’on en pense, un moment historique, et je ne peux m’empêcher de dire : “ALLEZ LES BLEUS !”

Références

1. Ross R et al. Importance of assessing cardiorespiratory fitness in clinical practice: a case for fitness as a clinical vital sign: a scientific statement from the American Heart Association. Circulation 2016;134:e653-e699.

2. Inserm. Activité physique. Prévention et traitement des maladies chroniques. Éditions EDP Sciences, 2019, Collection Expertise collective ISBN 978–2 7598–2328 4.

3. Chevalier L et al. Sports-related acute cardiovascular events in a general population: a French prospective study. Eur J Cardiovasc Prev Rehabil 2009;16:365-70.


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F. Carré déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet éditorial.

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