La gynécologie-obstétrique est une profession exposée. Le risque est omniprésent et se traduit en termes médico-légaux par des indemnités records accordées en cas de naissance d'un enfant lourdement handicapé. La responsabilité du praticien gynécologue-obstétricien est souvent recherchée quand “quelque chose s'est mal passé”. Nous savons tous combien il est difficile de se voir mis en cause quand on a tout donné. Un drame personnel s'ajoute au drame médical, qui affecte aussi le médecin comme tout autre être humain. C'est l'heure où l'on se sent seul, où tout est compliqué et se mélange dans la tête. Et, pendant ce temps, il faut continuer à travailler, à prendre d'autres risques pour d'autres patientes, et les ressources mentales peuvent venir à manquer.
C'est pour cela que le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) a créé un groupe d'entraide, formé de collègues qui ont accepté de mettre leur numéro de téléphone personnel à la disposition de leurs pairs en difficulté (accessible sur le site du collège www.cngof.fr, espace membres). Nous faisons le même métier. Nous en connaissons les difficultés et les risques. Nous savons que personne n'est à l'abri d'un accident et que cela peut nous arriver à nous aussi. Il n'est pas question de porter un jugement ni de rassurer à bon compte. Il s'agit d'être là, d'être le collègue à qui on peut parler. Faire partie de la même communauté professionnelle donne une proximité à laquelle celui qui vit des moments difficiles et douloureux doit pouvoir se raccrocher. Ce premier contact se veut tout simplement humain. Il ne s'agit pas de se substituer à d'autres professionnels plus compétents pour accompagner une personne en détresse, ni de jouer un rôle de conseil médico-juridique. Ces choses-là viendront en leur temps, et le collègue mis en cause les abordera avec d'autant plus de courage qu'il pourra se sentir compris et soutenu grâce à l'échange qu'il aura pu avoir à un moment où il se sentait bien seul face au monde qui s'écroulait sur sa tête.