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Éditorial

Les 41es Journées du CNGOF à Lille ont été marquées par un événement inédit


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Harangués au porte-voix par des femmes hostiles jusqu'à l'injure à notre profession, les gynécologues-obstétriciens venus nombreux à Lille aux 41es Journées du CNGOF ont découvert, à l'entrée du Zénith, une animosité, certes peu représentative de ce qu'ils rencontrent en consultation, mais injustement légitimée depuis des mois par une presse inconsciente et une secrétaire d'État en mal d'éclat. Malgré des avancées considérables et collectives de toute notre profession dans les 40 dernières années sur la qualité des soins et l'autonomie des femmes, les accusations dont nous sommes l'objet nous semblent à tous infondées. La quasi-totalité des confrères effectuent un travail d'une remarquable qualité, malgré un manque de moyens grandissant. Grâce à notre conscience professionnelle hors pair, les maternités qui roulent sur les jantes ne font ressentir aucune secousse à leurs patientes.

Mais tout cela nous rappelle qu'il ne faut pas s'arrêter en si bon chemin. Il nous faut répondre davantage à la demande d'autonomie qui s'exprime désormais dans notre pays et à l'appétence des femmes pour une information plus complète qui ne peut se faire au moment de l'accouchement, car c'est trop tard, et qui ne trouve plus sa place dans une préparation à la naissance trop peu suivie. Nous sous-estimons probablement le retentissement psychologique possible d'un accouchement qui ne se termine pas comme il avait été rêvé. Césariennes en urgence, extractions instrumentales, hémorragies inopinées de la délivrance, épisiotomies sont des sources d'angoisse sur lesquelles nous sommes peu diserts avec les patientes pour peu que “la mère et l'enfant se portent bien”.
Or, cette constatation ne nous donne pas quitus. Le sentiment de traumatisme peut s'installer à bas bruit et entraîner une sourde rancœur à notre égard, alors même que nous avions paré efficacement aux aléas plus ou moins graves et imprévisibles de l'accouchement. Le constat d'aval est forcément une mise en accusation de ceux qui n'avaient pas dit que tout cela pouvait arriver. Pas dit pour ne pas générer l'effet “nocebo” que représente une information inquiétante pendant une grossesse normale sur les accidents qui pourraient se produire, parfois, rarement, ou même de manière exceptionnelle. Car nous ne voulons pas transformer nos accouchées en rescapées, pour leur en avoir trop dit.

Certaines améliorations sont possibles et les maternités peuvent veiller à accroître la bientraitance en réservant une vigilance accrue aux femmes dont la souffrance a été détectée à l'entretien précoce et aux accouchements où des événements inopinés sont survenus. Mieux informer nos patientes et assurer à celles qui le souhaitent un parcours “physiologique” au sein de nos maternités sans baisser la garde en matière de sécurité, un enjeu qui traduira la volonté de toute notre spécialité d'aller au-delà des 90 % de satisfaction déjà rapportés par l'Enquête périnatale publiée à l'automne 2017.

Pas un caprice de la société mais une exigence juste et fondée qui nous pousse à poursuivre nos efforts de qualité et d'accueil malgré le contexte destructeur imposé par les politiques de santé qui s'obstinent à vouloir faire de nos hôpitaux des entreprises comme les autres, guidées prioritairement par des enjeux économiques.



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I. Nisand déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

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