L'obésité est devenue un véritable fléau mondial. Ses conséquences en termes de morbidité sont majeures, en particulier chez la femme avec des risques gynécologiques et obstétricaux spécifiques.
Le recours à la chirurgie bariatrique a spectaculairement révolutionné la prise en charge des patients obèses avec environ 50 000 procédures par an en France. Près de 50 % de cette chirurgie concerne des femmes en âge de procréer, justifiant pleinement que La Lettre du Gynécologue y consacre un dossier spécial.
Différentes techniques s'opposent avec des chirurgies restrictives pures (anneau gastrique, sleeve gastrectomie, etc.) et celles qui génèrent un certain degré de malabsorption (bypass gastrique, etc.). Quelle que soit la méthode utilisée, la réduction pondérale, le plus souvent rapide et massive, s'associe à un rétablissement de nombreux paramètres, notamment sur les plans métabolique et vasculaire. Cependant, des risques méritent une attention toute particulière, comme d'importantes carences vitaminiques qui imposent une substitution et une surveillance à vie. Les chirurgies restrictives pures, comme la sleeve gastrectomie qui représente à elle seule plus de 50 % des actes, entraînent moins de carences, donc moins de risques.
De nombreuses publications ont mis l'accent sur les répercussions de ces chirurgies sur la contraception, la fertilité et la grossesse. Trop souvent négligée par les femmes opérées mais aussi par le corps médical, leur contraception est tout à fait essentielle. En effet, la restauration parfois rapide d'une fonction gonadotrope normale, surtout en cas de syndrome des ovaires polykystiques associé, mais aussi l'impérative nécessité de programmer les grossesses imposent l'utilisation d'un moyen contraceptif à la fois efficace et adapté à la technique chirurgicale utilisée. Autant la fertilité des femmes opérées s'améliore après l'intervention, avec 20 fois plus de chance d'obtenir une grossesse spontanée, autant la fonction gonadique des hommes pourrait s'altérer faisant discuter par certains l'autoconservation préalable du sperme.
Les recommandations actuelles insistent sur la nécessité de différer, quand l'horloge biologique de la femme le permet, tout projet de grossesse de 12 à 18 mois afin d'équilibrer les différentes carences mais aussi de stabiliser au mieux la perte de poids.
Globalement, les complications maternelles et fœtales liées à l'obésité sont significativement réduites après la chirurgie, même si certaines conséquences, comme le retard de croissance intra-utérin ou la prématurité, peuvent se rencontrer plus souvent.
Pour les femmes obèses, la chirurgie bariatrique vient habituellement à l'issue d'un long et douloureux parcours. Perdre du poids, retrouver un corps différent, maintenir la perte de poids, envisager une maternité et la mener à bien…, toutes ces notions imposent le plus souvent une prise en charge et un encadrement psychothérapeutiques.
La chirurgie de l'obésité n'est donc pas un simple acte technique sans conséquence si ce n'est celle qui se limiterait à obtenir la perte de poids massive et durable tant souhaitée. De très nombreux aspects imposent une attention spécifique, notamment chez la femme en âge de procréer. Les auteurs de ce dossier se sont appliqués à mettre en lumière avec précision toutes ces notions. Un immense merci à chacun d'eux et bonne lecture à tous !