Éditorial

Simulation en gynécologie-obstétrique


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La gynécologie-obstétrique étant une spécialité médico­chirurgicale extrêmement variée, il a fallu repenser la méthode d’enseignement de tous les gestes techniques de ses sous-spécialités (l’assistance médicale à la procréation, le diagnostic ­anté­natal, l’obstétrique, l’écho­graphie obstétricale et gynéco­logique, la chirurgie (bénigne, fonctionnelle, cancéro­logique)). Au-delà du côté technique, il a également été indispensable d’enseigner le savoir-être (compétences non techniques), comme dans toutes les spécialités médicales, du fait de l’évolution de la société et du refus du patriarcat médical par les patients. Tout en sachant que ces 2 compétences, savoir-faire et savoir-être, sont toujours liées et ne s’opposent pas, au contraire, il a fallu les faire cohabiter dans cette nouvelle façon d’enseigner. Bien évidemment, la mise en place des nouvelles méthodo­logies de formation est également sous-tendue par la peur du médico­légal avec l’accroissement des plaintes déposées par des patients ces dernières années.

Dès 2012, la Haute Autorité de santé a imposé le “jamais la première fois sur le patient”, ce que les jeunes générations prônent également, d’où la nécessité de mettre en place un nouveau mode de formation. Les nouvelles méthodes de formation deviennent donc fondamentales, tout en continuant à devoir s’adapter au niveau de chaque apprenant, puisqu’il est reconnu qu’il existe une grande variabilité inter­individuelle dans l’apprentissage d’une compétence. La simulation a été choisie comme méthode pédagogique car elle remplit les critères associés à un apprentissage réussi : l’expérience concrète, l’observation réfléchie, la conceptualisation abstraite et l’expérimentation active. L’aéronautique, profession très à risque, l’a donc mise en place avec succès depuis de nombreuses années. Le facteur humain y est primordial, comme dans le milieu de la santé, ce qui explique que ce modèle ait été ensuite largement développé et utilisé dans les hôpitaux des pays nord-américains. La France est en train de rattraper son retard dans ce domaine, puisque la simulation commence à être utilisée dans toutes les facultés de médecine, mais également dans les instituts de formation pour les infirmiers anesthésistes, de bloc opératoire, les manipulateurs radiologiques, les brancardiers, les ambulanciers et les sages-femmes. La gynécologie-obstétrique a été très avant-gardiste avec, dès 1759, la création du  premier simulateur obstétrical par Mme Angélique du Coudray, qui a permis la formation d’un grand nombre “d’accoucheuses”. Il a cependant fallu développer de nombreux modèles de simulateurs pour les autres compétences non techniques et techniques de cette spécialité.

Début 2020, on a dénombré 481 maternités en France parmi lesquelles 67 de type 3 dont la moitié seulement étaient des CHU. À l’inverse, un tiers étaient des maternités de niveau 1 ; or ce sont celles qui sont le plus demandeuses de formation du fait d’une nécessité de mise à niveau dans ces centres qui ne sont plus attractifs de façon multifactorielle pour les plus jeunes, qui souhaitent conserver une activité variée incluant une part de recours et pour lesquels effectuer moins de 5 gardes par mois est une priorité absolue, de même que la sécurité des soins (le système d’astreinte à domicile est rejeté par la majorité d’entre eux). La simulation devient donc un outil fondamental pour mettre à niveau les équipes médicales et para­médicales, dont les formations initiales sont variées ces dernières années. Elle permet également de travailler l’apprentissage de façon multi­­disciplinaire, ce qui était peu le cas auparavant. Un événement indésirable est souvent multi­factoriel et la simulation permet de mettre en présence tous les facteurs potentiels pour le prévenir.

Hélas, tout cela se fait au prix de nombreuses heures de travail pour les formateurs, qui doivent être en nombre suffisant pour offrir une simulation de qualité. À l’heure actuelle, il devient difficile de pouvoir libérer du personnel médical pour réaliser ces formations en tant que formateur ou apprenant, dans les services qui sont déjà en sous-effectif et qui ont recours à l’intérim. De plus, la simulation a un coût non négligeable en raison du matériel, de la rémunération et des déplacements de certains formateurs (trajet, hébergement, repas) et du temps administratif.

La simulation devient donc fondamentale en médecine, mais aurons-nous les moyens de la mettre en place dans de bonnes conditions sur tout le territoire et pour tous ?


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E. Raimond déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet éditorial.

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