Il y a tout juste 30 ans, notre maître, le Pr Pierre Mauvais-Jarvis, et notre amie Claire Bricaire publiaient un ouvrage intitulé Bien vivre sa ménopause.
À cette époque, le traitement hormonal de la ménopause (THM) était le gold standard à la fois pour la prise en charge du syndrome climatérique des femmes ménopausées et dans une vision avant-gardiste de prévention de la santé globale des femmes.
Puis des études provenant pour la majorité des États-Unis ont remis en cause l’aspect positif de la balance bénéfice/risque du THM. Ainsi, sa prescription s’est effondrée laissant de nombreuses femmes, notamment symptomatiques, démunies et sans prise en charge.
Récemment, la ménopause est plus largement médiatisée, la presse grand public s’est emparée du sujet permettant de lever quelque peu le tabou que représente encore cette période pour les femmes. Cependant, ces dernières se sentent peu informées et souvent insuffisamment aidées dans ce tournant délicat de leur vie. Par ailleurs, les praticiens se disent souvent incomplètement formés et de fait sont peu enclins à proposer un THM à leurs patientes. Pourtant, de plus en plus de formations existent : FMC, diplôme universitaire, congrès dédiés, formations via diverses sociétés savantes. Ainsi, en France, le Groupe d’étude sur la ménopause et le vieillissement hormonal (GEMVI), la société savante de ménopause, offre des informations précieuses sur son site et organise un congrès professionnel annuel qui vient de s’achever. Un volet grand public permet aussi sur le site web une information rigoureuse à destination des femmes.
La ménopause s’accompagne chez de très nombreuses femmes de troubles parfois très invalidants qui méritent une prise en charge efficace. Sur le long terme, les risques cardiovasculaires et osseux de la carence estrogénique prolongée sur des dizaines d’années, du fait de l’allongement de l’espérance de vie, sont également à prendre en compte. Le THM, d’abord adulé puis banni, reprend sa juste place grâce à l’évaluation rigoureuse de l’ensemble des études scientifiques et à l’analyse renouvelée annuellement de la balance bénéfice/risque pour chaque femme. L’IMS (International Menopause Society) vient de publier lors du récent congrès mondial sur la ménopause un livre blanc sur la prise en charge de la ménopause. Le THM à la française y trouve enfin largement sa place !
Nous avons souhaité dans ce numéro faire participer de nombreux acteurs du GEMVI afin de profiter de leur expertise pour améliorer la prise en charge des femmes ménopausées, redonner la place qu’il mérite au THM sans en minimiser les potentiels effets indésirables et les risques, vision générale d’abord abordée dans la tribune de Florence Trémollieres et Patrice Lopes (p. 8). Puis seront détaillés la population cible du THM, l’importance de l’évaluation osseuse et du syndrome génito-urinaire, la sexualité, le contexte des mastopathies bénignes, le bénéfice carcinologique potentiel, la gestion des saignements lors de l’utilisation du THM, la fenêtre d’intervention vis-à-vis du risque de maladie d’Alzheimer, le traitement chez les femmes de plus de 60 à 65 ans et enfin les alternatives non hormonales au THM.
Nous espérons que ce dossier vous apportera les informations nécessaires à la bonne prise en charge des femmes ménopausées dans un but d’amélioration à la fois de leur qualité de vie et de leur bonne santé globale.
Bonne lecture à tous.