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Éditorial

De l'audace politique pour notre système de santé !


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Trop souvent sujet de conversation mais rarement vision politique à part entière, la santé s'invite enfin dans les débats de cette campagne présidentielle. Les candidats, sans doute stimulés par les sondages qui attestent que 65 % des Français considèrent la santé comme un sujet prioritaire, ébauchent timidement quelques mesures dont on peut regretter qu'elles soient, pour l'heure, peu structurantes. En effet, depuis quelques années, des signaux clairs appellent à une refonte de notre système de soins : le vieillissement de la population, l'essor des maladies chroniques, l'incidence croissante de certains cancers, la menace des pandémies virales et des résistances bactériennes et, plus globalement, l'épineuse question de la soutenabilité de notre système de solidarité national au regard de l'incroyable révolution technologique en médecine.

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Trop souvent sujet de conversation mais rarement vision politique à part entière, la santé s'invite enfin dans les débats de cette campagne présidentielle. Les candidats, sans doute stimulés par les sondages qui attestent que 65 % des Français considèrent la santé comme un sujet prioritaire, ébauchent timidement quelques mesures dont on peut regretter qu'elles soient, pour l'heure, peu structurantes. En effet, depuis quelques années, des signaux clairs appellent à une refonte de notre système de soins : le vieillissement de la population, l'essor des maladies chroniques, l'incidence croissante de certains cancers, la menace des pandémies virales et des résistances bactériennes et, plus globalement, l'épineuse question de la soutenabilité de notre système de solidarité national au regard de l'incroyable révolution technologique en médecine.

Nos décideurs politiques ne peuvent pas s'affranchir de cette heureuse réalité : le retour de l'innovation thérapeutique. Dans le domaine de l'oncologie, de l'immunologie, de l'infectiologie ou des thérapies géniques, un nouveau cycle de progrès thérapeutique s'annonce, porteur d'espoir pour de nombreux malades. De plus, les progrès de la robotique, l'avènement du numérique en santé, des “big data”, de la télémédecine et des objets connectés “compagnons du suivi thérapeutique” bouleversent profondément le concept de parcours de soins, jusque dans la relation entre les professionnels de la santé et les patients. Des maladies autrefois mortelles sont désormais chroniques (VIH, tumeurs solides), voire guérissables (hépatite C, leucémies, etc.). Parce qu'il draine dans son sillon un certain nombre de révolutions (organisationnelles, scientifiques, sociétales et économiques), ce flux d'innovations nous invite à repenser structurellement notre système de soins. Il y a par conséquent urgence à considérer le système de santé dans son ensemble (traitement curatif, prévention, dépistage, comportements et environnement) pour mieux définir ses priorités, la place de ses acteurs, y compris le patient, et donc son financement. L'innovation n'est pas un problème, c'est avant tout une opportunité pour accélérer le virage ambulatoire, élaborer de véritables parcours de soins associant médecine de ville et établissements de soins, adapter les modes de prise en charge par les organismes de protection sociale…

Circonscrire les enjeux économiques à la question du prix de l'innovation est,
à mon sens, réducteur. L'enjeu aujourd'hui est bien d'évaluer sur le long terme les gains d'efficience que peuvent générer ces innovations dans l'économie de la santé. L'enjeu, c'est bien de soigner juste, de dépister tôt et de prévenir les facteurs de risque des maladies. L'enjeu, c'est enfin de mieux redéfinir la place de la médecine de ville, de l'officine et de l'hospitalisation dans la chaîne de valeur du système de soins. Cela ne pourra pas se faire dans le cadre d'une politique comptable “court-termiste” qui ne valorise pas l'acte médical, qui ne reconnaît pas l'innovation et qui asphyxie l'hôpital en voulant préserver, au nom du service public, un modèle vieillissant.

Dans ce contexte, le médicament jouit d'un triste privilège : il fut, sur ces 6 dernières années, la principale variable d'ajustement de l'équilibre des comptes sociaux. Sur les 10 milliards d'euros d'économies dans les dépenses de santé réalisées sur ce quinquennat, la moitié a été fournie par le médicament, alors que celui-ci ne représente que 15 % des dépenses de santé. Au point que l'industrie pharmaceutique, l'une des branches industrielles les plus stratégiques de notre pays, est aujourd'hui clairement affaiblie dans la compétition internationale.

Pourtant, les solutions existent. Les industriels du médicament ont formulé des propositions pour garantir à nos concitoyens un accès universel et précoce aux traitements innovants, concilier maîtrise des dépenses de santé et attractivité
du territoire, simplifier l'environnement normatif ou encore accélérer
la transformation des métiers et la mutation de nos appareils de production.
Ces réflexions, nous les portons avec l'État dans le cadre du Conseil stratégique
des industries de santé (CSIS) et au sein de notre plateforme sectorielle “Santé, l'heure des choix”, avec une ambition : faire de la France une terre d'excellence pour la santé.

Ces réflexions, nous les portons également, dans une démarche totalement inédite, avec les différents acteurs de la santé réunis au sein du Collectif santé 2017. Au travers des 7 engagements* qu'il a formulés à l'adresse des candidats à la présidence
de la République, ce collectif pose les bases d'une nouvelle politique de santé au cœur des politiques publiques, capable de définir ses priorités, de fédérer ses acteurs publics et privés, et de pérenniser sa soutenabilité par un plan de financement quinquennal.

Secteur stratégique par sa contribution à l'emploi, à la croissance et à la souveraineté sanitaire du pays, l'industrie pharmaceutique est aujourd'hui à la croisée des chemins. Confronté au défi de l'innovation et de son prix dans un contexte de compétition internationale accrue, notre secteur a besoin, pour se développer, d'un écosystème favorable. Cela passe par la nécessité de revoir notre système d'évaluation médicoéconomique, de transformer nos métiers
ou de restructurer notre outil industriel pour intégrer non seulement les innovations technologiques et scientifiques mais également les nouveaux comportements des patients, davantage connectés et acteurs de leur santé. Le champ des possibles n'est pas pléthorique : soit nous subissons cette restructuration, soit nous la choisissons, nous l'anticipons et nous la pilotons.

Mais, quoi qu'il en soit, ces changements ne se feront pas en divisant les acteurs entre eux, en opposant les intérêts des uns aux intérêts des autres, et surtout pas en oubliant que tout cela n'a d'autre sens que l'intérêt de nos concitoyens.

Charge désormais au prochain président de la République de faire preuve d'une certaine audace politique pour porter, avec nous, les réformes nécessaires pour faire de la France, demain, le pays de la recherche, de l'innovation thérapeutique
et de l'excellence médicale.

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