Comme Janus, la télémédecine a 2 faces : l'une tournée vers le passé, l'autre tournée vers l'avenir. Vers le passé : le renforcement de l'emprise des soignants et du système de santé sur le malade. Vers l'avenir : l'accroissement de l'autonomie du patient.
Téléconseils et jeux vidéo, plus ou moins repeints aux couleurs de la santé, correspondent certes à des innovations, mais ils ne constituent en rien une révolution. Utiles ou ludiques, pour les uns et pas pour les autres. Leur limite commune est le temps.
La vraie révolution est la télémédecine qui vise à améliorer la performance des soignants et des patients. Côté soignants, le robot supprimera les tremblements de la main du chirurgien qui abandonnera le bistouri pour la souris, comme le cardiologue a remplacé le stéthoscope par l'échographie. On pourra donc diagnostiquer, opérer et prescrire à distance, sans avoir à palper et à ausculter, et parfois sans même avoir à interroger et à écouter. Côté patients, la télémédecine permettra d'améliorer à la fois la performance et l'observance des “patients experts” connectés sachant où ils veulent aller et comment y aller. Juste retour des choses, les patients objectiveront les soignants en les transformant en prestataires, devenus experts en modes d'emploi. Comme le prophétisait l'économiste Claude Le Pen : “Dans la médecine industrielle de demain, le chiffre absorbera le qualitatif, nul ne sera médecin, s'il n'est géomètre.” Funeste augure !