Dans cette étude, les auteurs ont analysé un panel de 71 protéines en lien avec la réponse immunitaire dans le cortex cingulaire antérieur de 127 patients présentant un diagnostic neuropathologique de MA (n = 28), encéphalopathie post-traumatique (EPT) (n = 40), PSP (n = 20), DCB (n = 20) ou MGA (n = 19). Le dosage a aussi été effectué dans le LCS de 29 patients (15 MA et 14 EPT). L’analyse a montré différents clusters de protéines associés à chaque groupe diagnostique, avec un certain degré de recoupement avec les autres tauopathies pour la DCB et la MGA. La protéine le plus fortement associée au groupe EPT était CCL21, impliquée notamment dans l’extravasation des cellules T vers le cerveau et l’activation des cellules gliales, avec une aire sous la courbe de 0,854 pour l’identification de l’EPT. Celle associée au groupe MA était FLT3L, impliquée dans la prolifération cellulaire, le métabolisme et l’activation des leucocytes, ainsi que dans le développement des cellules dendritiques, avec une aire sous la courbe de 0,67 pour l’identification de la MA. Le groupe PSP était quant à lui associé à l’IL-13, une cytokine anti-inflammatoire, avec une aire sous la courbe de 0,777 pour l’identification de la PSP. Les groupes DCB et MGA étaient prioritairement associés à la protéine CXCL9. Dans l’analyse du LCS, chez les patients présentant une EPT a été retrouvée une concentration plus élevée de CCL21 que celle chez ceux présentant une MA.
Commentaire
Le développement de nouveaux biomarqueurs pour les pathologies non Alzheimer est un enjeu crucial, notamment pour les tauopathies primaires, qui présentent une grande hétérogénéité biologique. Au-delà des protéinopathies elles-mêmes, d’autres facteurs modulateurs tels que la neuroinflammation interviennent de façon claire dans le mécanisme des maladies neurodégénératives. Cette étude suggère que le dosage de protéines en lien avec la réponse immunitaire pourrait constituer un marqueur pertinent, potentiellement à même de distinguer la MA des autres tauopathies, mais aussi ces dernières entre elles, probablement en combinaison avec d’autres marqueurs des fluides biologiques ou d’imagerie. Il s’agit bien entendu de résultats préliminaires, mais ils pourraient conduire au développement de nouveaux marqueurs diagnostiques. Ce type d’approche a de surcroît l’avantage de permettre de mieux comprendre les mécanismes biologiques à l’œuvre dans ces pathologies, qui peuvent différer selon la maladie en cause, et peut donc aider à identifier de nouvelles cibles thérapeutiques.