Des traitements hautement efficaces par induction d’une déplétion lymphocytaire B
Au cours de la SEP, les lymphocytes B sont aujourd’hui considérés comme des acteurs majeurs des processus inflammatoires et neurodégénératifs de la maladie, par l’intermédiaire de plusieurs mécanismes incluant la présentation d’antigènes aux lymphocytes T, la sécrétion de cytokines pro-inflammatoires (IL-6, TNFα, lymphotoxine...) et la production d’autoanticorps [6-9]. En se liant à la protéine CD20 exprimée à leur surface depuis le stade de lymphocytes pré-B jusqu’à celui de lymphocytes B matures et mémoires, les anticorps anti-CD20 induisent une déplétion lymphocytaire B associée à une réduction majeure, rapide et soutenue de l’activité inflammatoire de la SEP [8-11]. Les études cliniques ont de fait montré qu’ils constituent des traitements hautement efficaces, supérieurs aux traitements plateforme en termes de prévention des poussées, de diminution de l’activité IRM et de diminution de la progression de la maladie [6, 8, 10].
In vivo, la déplétion lymphocytaire B est obtenue par un double mécanisme de cytotoxicité à médiation cellulaire dépendante des anticorps (antibody-dependent cellular cytotoxicity, ADCC) et de cytotoxicité dépendante du complément (complement-dependent cytotoxicity, CDC), avec des différences d’action pharmacologique entre les molécules qui pourraient avoir des implications cliniques [6, 8]. Par exemple, même si cela reste à prouver, il est possible qu’une activité CDC supérieure à l’activité ADCC puisse permettre une plus grande efficacité compte tenu du rôle clé du système du complément dans la réponse immunitaire du système nerveux central [6].
Un profil de sécurité favorable
Les anticorps anti-CD20 utilisables dans le traitement de la SEP-RR sont généralement bien tolérés, en sachant toutefois que des données complémentaires sont encore nécessaires pour évaluer précisément leur sécurité à long terme [6, 8]. Ce bon profil de tolérance est probablement lié à une action prédominante sur les lymphocytes B circulants ; or, ces lymphocytes circulants ne représentent qu’une partie minoritaire des lymphocytes totaux, puisque la majorité est nichée dans les organes lymphoïdes [6]. En pratique, les effets indésirables les plus fréquents sont les réactions liées à la perfusion ou à l’injection, survenant principalement après la 1re administration, ainsi que les infections, dont l’incidence dans les études pivots était comparable à celle observée avec les traitements comparateurs [6-8, 9].
Là encore, des différences pourraient exister selon les traitements, comme, par exemple, un moindre risque infectieux lors d’une administration par voie sous-cutanée du fait d’une action limitée sur les lymphocytes B spléniques et d’une repopulation lymphocytaire plus rapide [8, 9].
Une place de 1re intention pour améliorer le pronostic des patients
Dans la SEP-RR, plusieurs études ont établi qu’un traitement de fond précoce par anti-CD20 améliore le pronostic des patients, en réduisant le risque de poussées et en ralentissant l’accumulation du handicap [8]. D’autres données suggèrent en outre que les anti-CD20 pourraient offrir une meilleure protection contre la progression du handicap indépendante des poussées (PIRA) [8]. Dans ce contexte, et compte tenu d’un rapport bénéfice-risque globalement favorable, les anti-CD20 constituent un réel atout pour la prise en charge de la maladie dans le cadre d’une stratégie de haute efficacité d’emblée [6, 8-10]. Les résultats à long terme issus des études d’extension des études pivots et des études en vie réelle commençant à émerger pourraient encore venir consolider cette place dans la stratégie thérapeutique, en association à une gestion des risques et à un suivi rigoureux [5, 6, 8, 9]. ■